La gauche et la privatisation d'EDF : La mémoire courte28/10/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/10/une1943.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

La gauche et la privatisation d'EDF : La mémoire courte

François Hollande vient de déclarer que l'ouverture du capital d'EDF est "un mauvais choix industriel et financier". Ne pouvant pas avoir l'air plus à droite que Hollande, Fabius lui aussi se déclare opposé à cette privatisation partielle. Mais le PS, et au-delà, la gauche, ont-ils vraiment été contre l'introduction de capitaux privés au sein d'EDF?

Il est incontestable que les décisions majeures de cette privatisation ont été prises par des gouvernements de droite, essentiellement sous Raffarin. Mais en même temps le président d'EDF, qui a mis en oeuvre la privatisation au niveau de l'entreprise, fut Roussely, réputé de "gauche", ami de Joxe et de Jospin, et pressenti même, un moment, pour diriger une campagne électorale de ce dernier.

De plus, Fabius, à l'époque où il était ministre de l'Économie, s'était prononcé en faveur de l'ouverture du capital. Quant à Strauss-Kahn, lui aussi s'était déclaré favorable à cette ouverture et, contrairement à Fabius, il ne semble pas avoir changé d'avis.

Le fait que le PS soit aujourd'hui contre l'ouverture du capital n'est pas aussi surprenant qu'il y paraît. Une partie du patronat n'est pas emballée par cette perspective, et surtout par l'ouverture du marché qui a précédé l'ouverture du capital et qui s'est traduite par une hausse considérable des prix pour les gros consommateurs.

Il faut cependant remarquer que Hollande admet parfaitement qu'EDF puisse avoir besoin de capitaux supplémentaires pour se livrer à la spéculation internationale liée au rachat de sociétés étrangères. Mais il préconise que ce soit la Caisse des dépôts (c'est-à-dire l'État) qui finance ces opérations, et non le secteur privé.

Le PS a beau se contorsionner aujourd'hui il ne peut faire oublier, au yeux du personnel d'EDF et GDF en tout cas, qu'il a été un partisan de la privatisation. Il est vrai qu'il ne fut pas seul: le précédent secrétaire de la CGT de la Fédération mines-énergie, Denis Cohen, avait déclaré dans une interview qui avait fait sensation, au journal Le Monde du 10 février 2002, que pour la CGT l'ouverture du capital n'était pas un sujet tabou, qu'il fallait en "examiner" les conséquences. Sur la même page, à côté de la sienne, il y avait l'interview de Roussely qui disait d'une autre façon... la même chose. Le dirigeant syndical, membre du comité central du PCF, rejoignait ainsi le PDG proche du PS.

Bref, du PS à la direction de la CGT, tout le monde a facilité la privatisation en cours.

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