Travail de nuit : Le profit empêche de dormir21/10/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/10/une1942.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Travail de nuit : Le profit empêche de dormir

Comme le constate une étude statistique réalisée par la Direction de l'animation, de la recherche et des statistiques (DARES), c'est pour les femmes, et en particulier les ouvrières de l'industrie, que le travail de nuit a le plus progressé entre 1991 et 2002.

Cette étude montre qu'en 2002 plus de trois millions de salariés de ce pays, soit 14,3% d'entre eux, travaillaient de nuit, entre minuit et cinq heures du matin. Si l'on ajoute à cette catégorie celle incluant le "travail du soir", entre 21 heures et minuit, ils représentaient 38% des hommes et 24% des femmes.

Le travail de nuit des femmes était prohibé depuis 1892, mais un accord l'avait rendu possible dans la métallurgie depuis 1986. Depuis le début des années 1990, c'est la proportion des femmes travaillant la nuit qui a le plus progressé, avant même que la loi du 9 mai 2001 n'autorise le travail des femmes dans tous les secteurs de l'industrie, au nom d'une prétendue mise en conformité avec les règlements européens sur l'égalité professionnelle entre hommes et femmes.

Dans le secteur de la santé, où le travail de nuit des femmes est très développé, leur proportion recule. Par contre dans l'industrie, de plus en plus de femmes sont employées la nuit, en particulier dans les secteurs de l'agro-alimentaire, de la chimie et de la pharmacie, de l'automobile et de l'électronique.

Le rapport de la DARES constate que "paradoxalement, le travail de nuit diminue dans des secteurs tels que la santé, qui ne peuvent pas s'en passer, et augmente dans des secteurs industriels, dans lesquels il apparaît moins indispensable sur le plan technique et où d'autres modes d'organisation ont été possibles dans le passé". L'auteur de l'étude rappelle que "le travail de nuit a des effets nocifs pour la santé, aussi bien pour les hommes que pour les femmes. Mais comme les femmes ont des charges familiales et extra-professionnelles plus lourdes, leur capacité de récupération entre deux postes est probablement moindre et les difficultés d'organisation familiales plus importantes".

Dans cette société, on prive de sommeil et de vie sociale normale des millions d'hommes et de femmes, de plus en plus nombreux, pour fabriquer des voitures ou des cosmétiques. Certes, une société différente, centrée autour des besoins humains, s'organiserait évidemment pour assurer les présences indispensables dans les hôpitaux, auprès des personnes âgées, dans les transports en commun, de jour comme de nuit. Mais actuellement, le travail de nuit dans les industries correspond la plupart du temps uniquement à un allongement de la durée d'utilisation des installations, dans un unique souci de rentabilité.

Pour le grand patronat, si une chaîne de montage automobile peut tourner 23 heures sur 24, tant pis si la santé des salariés en souffre de plus en plus. Seuls comptent les bénéfices colossaux qu'il peut ainsi réaliser.

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