États-Unis, La Nouvelle-Orléans : Un déluge de mensonges des responsables et des médias21/10/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/10/une1942.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis, La Nouvelle-Orléans : Un déluge de mensonges des responsables et des médias

Dans un article publié le 10 octobre, les militants trotskystes américains qui éditent le bimensuel The Spark reviennent sur les mensonges des autorités et des médias pendant les jours qui ont suivi le passage de l'ouragan Katrina, qui a ravagé la capitale de la Louisiane.

"Les médias admettent maintenant que leurs reportages décrivant des violences gratuites et des désordres à La Nouvelle-Orléans après l'ouragan Katrina étaient faux. Il n'y a pas eu de vagues de pillages, comme l'avaient rapporté les chaînes de télévision et les journaux. Il n'y a pas eu non plus d'émeutiers pillant WalMart (le grand de la distribution aux États-Unis) pour y prendre armes et munitions. Ni de gangs opposés s'affrontant dans les rues. Aucune personne n'a tiré sur des hélicoptères venant à son secours. Faux également les reportages sur les assassinats et les viols, y compris ceux commis sur des "bébés" dans le Superdome de Louisane. Il n'y avait pas trente ou quarante corps en décomposition dans un congélateur du Convention Center (le Palais des congrès de la ville), parmi lesquels une fille à la gorge tranchée.

Tout compté, la police dit qu'il n'y a eu que quatre meurtres au cours de cette semaine -ce qui est remarquable dans une ville qui pronostiquait deux cents morts pour l'année 2005.

"Je pense que 99% de tout ce qui s'est dit était des foutaises", a commenté le sergent de première classe Jason Lachney, membre de la Garde nationale de Louisiane, qui servait à l'intérieur du Superdome cette semaine-là. "J'ai vu des affrontements, a dit le major Ed Bush de la Garde nationale de Louisiane, qui a également travaillé sous le Superdome, mais j'ai vu bien pire au cours de matchs de base-ball. Ici, les gens ne se comportaient pas comme des animaux". C'était tout le contraire. Le major Bush a dit: "Ce que j'ai vu sous le Superdome c'est qu'un nombre incroyable de gens en aidaient d'autres."

Un des rares responsables du département des services sociaux présent sous le Superdome a raconté comment des adolescents aux airs de durs ont aidé à sauver ceux qui, à tout moment, avaient des malaises dus à la chaleur ou à l'épuisement. "Quelques-uns de ces gars avaient l'air de voyous, avec leurs pantalons tombant sur les fesses, a-t-il dit, mais ils remuaient justement leurs fesses pour enterrer les ordures ou courir pour conduire ces gens au New Orleans Arena", qui hébergeait, juste à côté, les services médicaux.

Ces responsables ont également rapporté comment des gens se sont soutenus mutuellement pour se maintenir en vie, avec ce bon sens propre aux gens ordinaires quand ils font face ensemble. Confrontés aux plus horribles conditions, les gens piégés dans le Superdome et dans le Convention Center se sont comportés de façon exemplaire.

Les hauts responsables de la ville, en dépit des rapports réguliers de leurs propres subordonnés sur ce qui se passait réellement, ont fait circuler des rumeurs malveillantes.

Eddie Compass, alors chef de la police, fut à l'origine de rumeurs dans des interviews où il se présentait, lui et ses hommes, comme étant constamment la cible de bandes armées. Plus tard, il a admis que cela n'était jamais arrivé.

Quant au maire de la ville, Ray Nagin, il en a sans cesse rajouté à des histoires de violences gratuites et de désordre. Encore le 6 septembre, dans un entretien avec Oprah Winfrey (une des présentatrices de la télévision américaine les plus connues ), il décrivait le Superdome comme un lieu "bestial" : "Dans cet effrayant Superdome, pendant cinq jours, j'ai vu des cadavres, et des voyous tuant ou violant des personnes." Nagin mentait.

Ces mensonges servaient à justifier de faire appel à des dizaines de milliers de gardes nationaux et aux troupes régulières, à la rescousse de la police. L'armée a servi à protéger les propriétés des riches, ainsi que le secteur des affaires du Quartier français, situés sur des hauteurs et non inondés.

Les responsables de la ville voulaient que l'armée empêche les gens de quitter les immenses abris aux conditions indescriptibles et de se diriger vers les grandes propriétés, les hôtels où les immeubles de bureaux. Les responsables ne voulaient pas qu'ils se rendent dans les grands magasins et les restaurants où étaient stockés en grande quantité nourriture et vêtements, qui auraient pu servir à nourrir et à habiller ceux qui avaient presque tout perdu.

En d'autres termes, au lieu d'ouvrir ces lieux et d'y diriger les gens, pour leur distribuer ce qui s'y trouvait, les dirigeants de la ville ont fait exactement le contraire, cela au prix d'innombrables pertes en vies humaines. Ces mensonges et ces calomnies contre les travailleurs et les pauvres de La Nouvelle-Orléans ont servi à préserver ce qui est le plus sacré dans la société capitaliste: la propriété privée des riches."

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