Côtes-d'Armor : Mobilisation contre les expulsions de sans-papiers21/10/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/10/une1942.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Côtes-d'Armor : Mobilisation contre les expulsions de sans-papiers

C'est sans états d'âme que, dans les Côtes-d'Armor, le préfet applique les directives de Sarkozy en matière d'immigration, et qu'il tient sans doute, lui aussi, à "faire du chiffre." À Saint-Brieuc, Lannion, Paimpol, une vingtaine de familles, comprenant une trentaine d'enfants, auxquelles on a refusé le droit d'asile, sont aujourd'hui menacées d'expulsion du territoire.

Il y a un an, l'expulsion en catimini vers la Turquie d'un couple installé depuis plusieurs années dans la ville, et dont les enfants sont restés à Saint-Brieuc, avait suscité l'indignation de nombreux militants qui s'étaient promis d'être plus vigilants en cas de récidive du préfet.

L'Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides) ayant mis en demeure une douzaine de familles de quitter leur logement avant d'être reconduites à la frontière, et s'apprêtant à faire de même avec d'autres, un premier rassemblement a eu lieu à Saint-Brieuc. Le 5 octobre, à l'initiative du "Collectif contre le racisme et pour la solidarité" il a regroupé 150 personnes qui avaient décidé de se retrouver plus nombreuses quelques jours après, le 15 octobre.

Au collège Racine, où deux élèves, scolarisés depuis trois ans, sont directement concernés, l'émotion et l'indignation étaient grandes chez le personnel, dès l'annonce de cette mesure. La réaction contre ce mauvais coup a été spontanée: caisse de secours, achats de nourriture, lettre au préfet, contact des parents d'élèves... et bien sûr préparation de la nouvelle manifestation.

Et le 15 octobre, c'est un cortège coloré, de près de 700 manifestants déterminés et dynamiques, que Turcs, Kurdes, Arméniens, Africains, Maghrébins et métropolitains se côtoyant fraternellement, et scandant sans interruption pendant deux heures: "1re, 2e, 3e génération, nous sommes tous des enfants d'immigrés", "Solidarité avec les sans-papiers", "Non, non, non, aux expulsions", dans les rues du centre-ville, très animées en ce samedi après-midi.

Le préfet, après avoir prétendu cyniquement dans la presse locale que "les demandeurs d'asile déboutés n'encourent aucun danger à retourner dans leur pays" et croyant peut-être que les manifestants -pourtant bien pacifiques- avaient l'intention de prendre d'assaut la préfecture, avait fait mettre en place un cordon de policiers en tenue de combat... et armés, entre autres, d'un canon à eau.

Par ailleurs, à Lannion, ce sont plus de 700 personnes qui ont répondu à l'appel à manifester pour s'opposer au départ forcé de quatre familles géorgiennes et arméniennes, et qui ont parcouru les rues de la ville en scandant les mêmes slogans, agrémentés d'un "C'est pas les sans-papiers, c'est Sarkozy qu'il faut virer!"

Il n'est pas dit que Sarkozy réussisse à mettre en oeuvre ses mesures scélérates car les manifestants ne comptent pas en rester là. D'ailleurs, les exemples d'expulsions empêchées, à Orléans et dans la région parisienne, sont un encouragement à amplifier la mobilisation. Pour peu que la population réagisse, ce gouvernement, aussi réactionnaire soit-il, ne peut pas forcément réussir tout ce qu'il entreprend.

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