Tuberculose : Chronique d’une catastrophe annoncée06/10/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/10/une1940.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Tuberculose : Chronique d’une catastrophe annoncée

À l'occasion d'un congrès médical sur les maladies infectieuses, la presse s'est fait l'écho de la persistance et même de l'augmentation du nombre de cas de tuberculose.

Chaque année, cette maladie fait deux millions de morts. L'OMS, Organisation mondiale de la santé, estime qu'entre 2000 et 2020, près d'un milliard de personnes seront infectées par le bacille, que 200 millions d'entre elles développeront la maladie et que 35 millions en mourront si on ne se donne pas les moyens de l'enrayer.

La tuberculose, maladie de la misère, n'a jamais disparu des pays ou des continents abandonnés au sous-développement. Elle fait d'autant plus de ravages qu'elle se combine avec l'épidémie de sida qui ôte aux malades toute défense immunitaire et, en Afrique par exemple, elle tue 40% de ces malades. Le continent africain est le plus touché mais le Sud-Est asiatique l'est également, puisqu'on y recense 3 des 8 millions de cas détectés chaque année dans le monde.

Mais depuis plusieurs années les cas de tuberculose se sont aussi multipliés dans les pays développés, où on la considérait comme une maladie d'une autre époque. Ce phénomène est lié au développement de la misère dans les pays riches: ainsi déjà en 1995, à San Francisco, 30% des sans-domicile-fixe et à Londres 25% d'entre eux étaient infectés par le bacille de la tuberculose. En France, on compte maintenant 8000 nouveaux cas par an, dont 10% mortels. Dans la majorité des cas, le traitement de la maladie est pourtant très bon marché: six mois d'antibiotiques reviennent à environ dix dollars et tous les malades devraient pouvoir être soignés, y compris dans les pays les plus pauvres. Et pourtant, même dans les pays développés, encore faut-il que les malades sans ressources aient une couverture sociale et aient gardé l'habitude de s'adresser aux services de santé, ce qui n'est pas le cas de beaucoup de SDF.

La situation se complique encore du fait de l'apparition de souches du bacille résistantes à un grand nombre d'antibiotiques différents. Or le fait que des malades soient mal soignés, parce que mal suivis, réalise une véritable sélection de ces souches multirésistantes. Le traitement est alors bien plus difficile et plus coûteux. En Europe, ce problème est particulièrement net dans les pays issus de l'ancienne Union soviétique: à Kaliningrad, 40% des malades présentent des formes de tuberculose résistant aux traitements et leur maladie est quasiment impossible à traiter, selon un professeur de l'Institut Pasteur récemment interviewé sur TF1.

Enrayer la propagation de la tuberculose implique donc de développer la recherche de nouveaux traitements mais aussi les services de santé publique. Les États, y compris ceux des pays développés, n'ont comme optique que d'économiser sur les services publics, celui de la santé en particulier: ils préparent ainsi, en toute conscience, une nouvelle catastrophe sanitaire.

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