SNCM : Toujours déterminés, sédentaires et marins refusent la privatisation06/10/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/10/une1940.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

SNCM : Toujours déterminés, sédentaires et marins refusent la privatisation

Mardi 4 octobre il y avait cinq à six cents manifestants de la SNCM à la tête de la manifestation, une des plus importante que Marseille ait connue. Et, à la SNCM et au port autonome de Marseille (PAM), la lutte continuait après une semaine riche en événements.

Le soutien aux marins du Paoli est unanime

Mercredi 28 septembre, après l'arraisonnement par le GIGN du Pascal-Paoli, sous les lazzi des marins, et l'arrestation de quatre militants du Syndicat des Travailleurs Corses (STC), dont Alain Mosconi, secrétaire de ce syndicat à la SNCM, l'indignation fut unanime, tant à Marseille qu'en Corse.

Le mercredi 28, au matin, l'assemblée générale de 250 marins sur le Méditerranée, et celle de 200 sédentaires au Siège de la SNCM votaient à l'unanimité la reconduite de la grève et réclamaient la libération des marins emprisonnés. Dans la journée les marins partaient en canots sur le Vieux port en face de la mairie. Ils y étaient menacés par des groupes du GIPN embarqués sur des zodiacs, qui leur interdisaient d'accoster, harnachés de noir, casqués et armés de fusils à pompe. D'autres travailleurs de la SNCM, sédentaires et marins, des badauds, des femmes, des anciens, criaient, avec verve, aux policiers combien ils trouvaient ridicule leur intervention. Il y avait beaucoup de monde pour applaudir les marins. Devant le siège dans l'après-midi, les grévistes firent un beau feu de palettes.

Des manifestants sédentaires et marins sont allés à Toulon soutenir les marins du Pascal-Paoli qui y débarquaient.

En Corse des manifestations se déroulaient à Ajaccio et à Bastia pour réclamer la libération des syndicalistes emprisonnés.

Vendredi 30 au matin, marins et sédentaires de la SNCM manifestaient devant le Palais de justice où les quatre marins devaient être présentés à un juge d'instruction. Ils étaient finalement relâchés.

Le gouvernement recule

Jeudi 29, le Premier ministre Dominique de Villepin faisait une nouvelle proposition du gouvernement. Il ne s'agissait plus de la privatisation totale de la SNCM, dont les actifs valaient selon les estimations les plus basses 450 millions d'euros, vendue pour 35 millions d'euros au fonds d'investissements Butler Capital Partners, auquel l'État donnait en outre 113 millions d'euros pour «apurer les comptes». L'État assurait aussi le financement d'un plan de 400 suppressions d'emplois sur les 2463 travailleurs de l'entreprise. Le nouveau plan maintenait les 400 suppressions d'emplois, mais il répartissait les capitaux entre 40% à Butler, 30% au groupe Connex-Veolia (ex- Vivendi Environnement), 25% à l'État et 5% aux salariés. Le ministre des Transports, Dominique Perben, venait à Marseille rencontrer les syndicalistes. Ceux-ci refusaient ce plan, en accord avec les grévistes qui manifestaient devant la préfecture.

Les grévistes distribuaient un tract aux Marseillais qui l'accueillaient avec sympathie.

À Marseille et Fos-Lavéra, les employés du Port Autonome de Marseille (PAM) continuaient eux aussi leur grève contre les tentatives de privatisation de l'entreprise.

Le plan refusé, la grève continue

Pendant ce temps, les navires n'entraient ni ne sortaient plus des ports de Marseille, Fos, Bastia et Ajaccio. Les passagers pour le Maghreb, restés en souffrance à Marseille finirent par être embarqués à Sète sur des navires de compagnie algérienne ou tunisienne. Mais les centaines de touristes qui voulaient quitter la Corse durent patienter jusqu'au dimanche 2 octobre. Corsica Ferries, la compagnie concurrente de la SNCM, n'osait plus entrer dans les ports de Corse, après avoir mis à mal des bateaux de pêcheurs qui en solidarité avec les marins du Pascal-Paoli et avec la grève, bloquaient les ports. En Corse, d'autres travailleurs manifestaient leur soutien, comme les pompiers de l'aéroport de Bastia.

Les journaux de Corse commençaient, peut-être un peu prématurément, à parler de risque de pénurie en produits alimentaires et pétroliers. Mais c'était en tout cas une démonstration de l'utilité des rotations de navires de la SNCM entre la Corse et le continent, au moment où le gouvernement fait un chantage au dépôt de bilan de l'entreprise!

Samedi 1er octobre, à l'aube, les forces de police débloquaient le port d'Ajaccio et les accès au terminal pétrolier de Fos-Lavéra. Ce qui n'empêcha pas la grève de continuer.

Lundi 3 octobre, les grévistes manifestaient devant la préfecture tandis que les syndicats refusaient les propositions faites par Dominique Perben et Thierry Breton, ministre de l'Économie, venus à Marseille pour l'occasion. Enfin le 5 octobre au matin, les grévistes apprenaient que la Régie des Transports de Marseille reconduisait la grève du 4, contre un projet de privatisation du futur tramway de la ville. Les responsables syndicaux, approuvés par le personnel, parlaient de convergence des luttes.

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