La «lutte contre l’obésité» : Des mesures hypocrites06/10/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/10/une1940.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

La «lutte contre l’obésité» : Des mesures hypocrites

Depuis la rentrée scolaire, les distributeurs de boissons et friandises ont été enlevés de tous les établissements scolaires. Il s'agit, selon les responsables de cette décision prise dans les sphères ministérielles, d'une question de salubrité publique afin, disent-ils, de lutter contre l'obésité des jeunes.

Il est sûr que les grignotages entre les repas participent à la mauvaise qualité de la nutrition. Il est vrai aussi que les entreprises qui installent ces distributeurs dans les collectivités ne sont pas guidées par un souci d'équilibre alimentaire, mais qu'elles cherchent à faire le plus de bénéfices en vendant (assez cher d'ailleurs) ce qui plaît aux jeunes, encourageant ainsi la consommation de sucreries.

Il avait été question que ces distributeurs soient remplacés par d'autres, fournissant des fruits ou des boissons non sucrées. Pour l'instant, rien n'est arrivé. Pire même: dans certains établissements, afin de ne pas concurrencer les appareils payants, les fontaines d'eau avaient, à l'époque, été retirées. Elles n'ont pas toujours été remises et les élèves n'ont que l'eau des lavabos pour se désaltérer. Question hygiène, on fait mieux!

Et surtout, cette mesure est profondément hypocrite: le problème de l'obésité provient en grande partie (mais pas seulement) de mauvaises habitudes alimentaires, liées bien sûr à des traditions, mais aussi aux conditions d'existence et aux revenus des familles. Du coup, elle touche souvent des enfants des classes populaires, plus peut-être que ceux des beaux quartiers.

On a pu voir à la télévision une campagne incitant chacun à manger «dix fruits et légumes frais par jour». C'est certainement très bon pour la santé... mais pas pour le porte-monnaie! Rien d'étonnant à ce que, indépendamment des coutumes alimentaires qui privilégient certains types d'aliments, les féculents qui rassasient bien les enfants restent la base de la nourriture des familles pauvres. Et quand une part toujours plus grande de la population est contrainte d'acheter de la nourriture bas de gamme et n'a pas les moyens de se nourrir correctement, la campagne contre l'obésité ne peut que tomber à l'eau.

Bien sûr, cela dépasse le problème de l'école. Mais celle-ci pourrait au moins jouer un rôle d'éducation dans ce domaine et compenser les conséquences des inégalités dans la société. Pour cela, il ne suffit pas de retirer des écoles des distributeurs offrant quantité de produits sucrés, chers, pour le plus grand profit de quelques entreprises privées. Il faut aussi se soucier de ce qu'on offre à la place.

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