Fralsen Groupe Timex – Besançon : L’heure de la grève avec occupation06/10/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/10/une1940.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Fralsen Groupe Timex – Besançon : L’heure de la grève avec occupation

Depuis le 23 septembre, les travailleurs de l'usine Fralsen de Besançon occupent leur usine. Elle comptait 3000 salariés il y a trente ans et n'en emploie plus que 240 aujourd'hui. La direction a annoncé en juin 2004 un énième plan «social» qui prévoit 141 licenciements et espérait qu'ils se passeraient en douceur.

Jusqu'à l'été, la vingtaine de suppressions de postes, sans licenciement sec, n'avait pas entraîné beaucoup de réactions. Mais l'annonce de treize licenciements a déclenché la grève, suite à des assemblées générales appelées par les deux syndicats présents dans l'entreprise, la CGT et la CFDT. Depuis le 23, l'usine est bloquée. La grève s'est renforcée, avec la présence de cadres et d'agents de maîtrise. 90% des travailleurs sont dans la lutte et les expéditions ne se font plus.

Selon les anciens, une telle grève ne s'était pas produite depuis vingt ans, et ils disent y retrouver leur dignité. Quant aux plus jeunes, pour qui c'est la première grève, ils apprécient la solidarité. Les piquets, chaleureux et fraternels, aident à se connaître entre les différents secteurs de l'usine et ceux des bureaux. Et puis voir quelques chefs et la direction rentrer à pied dans l'usine et passer au milieu des grévistes redonne la pêche. Tout le monde est dans le coup et personne ne croit plus la direction quand elle promet de maintenir 120 emplois en 2007, alors qu'elle avait promis un «plan de réindustrialisation» de un million d'euros, il y a un an, dont personne n'a vu la couleur!

La première revendication, c'est un emploi pour tous, mais si l'entreprise ne peut le garantir, elle doit mettre la main à la poche. Les grévistes réclament une compensation financière de 25000 euros d'indemnités, en plus des indemnités légales. La direction fait la sourde oreille et la dernière réunion avec les syndicats et les grévistes, vendredi 30 septembre, a duré moins de dix minutes. Face au mutisme du patron, tout le monde est sorti.

Et pourtant, cette revendication de 25000 euros représente une somme bien modeste pour un groupe aussi riche que Timex. D'autant que la moyenne d'âge est de 48 ans et que beaucoup d'entre nous ont passé des dizaines d'années à travailler chez Fralsen. Lorsque lundi 3 octobre la direction a osé proposer 5000 euros, cela a été ressenti comme une provocation.

Les grévistes réclament aussi que la direction prenne en charge la différence entre les Assedic et les salaires, le temps que chacun retrouve un emploi. Un emploi qui risque d'être nettement moins bien payé. Ainsi, un décolleteur s'est vu proposer un travail pour un salaire amputé de plus de 300 euros.

Tous savent que Fralsen, filiale du groupe Timex riche à milliards, se porte bien. Si Timex licencie à Besançon, pour délocaliser en Chine la production des pièces pour montres à quartz, c'est uniquement pour augmenter ses profits. Timex pense gagner 3,4 millions d'euros à cette délocalisation. Sans parler du fait que Fralsen veut déménager à Besançon dans des locaux plus petits et va faire une juteuse opération immobilière avec la vente des terrains et des locaux actuels.

Voilà ce que font les grands groupes capitalistes: produire des chômeurs pour enrichir leurs gros actionnaires. Chez Timex, l'heure est à dire non.

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