Budget 2006 : Les patrons sont servis06/10/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/10/une1940.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Budget 2006 : Les patrons sont servis

Le ministre des Finances, Thierry Breton, a présenté le 28 septembre le projet de budget pour l'année 2006. Comme en 2005, il est déficitaire. Il faut dire que boucler un budget équilibré, quand on distribue à tour de bras des dizaines de milliards aux patrons petits et grands, est un exercice difficile, même lorsque de l'autre côté on rogne sur les dépenses utiles à la population.

Ce budget a été élaboré en escomptant une croissance de 2,25%, qui permettrait d'avoir les rentrées d'argent nécessaires pour financer les dépenses. Pas toutes cependant, puisque le déficit prévu est de 46,8 milliards d'euros. Mais cela ne gêne pas le ministre, qui se déclare satisfait que ce déficit reste en dessous des 3% du produit intérieur brut (PIB) demandés par les instances européennes. En fait, il risque d'être plus important, car rien ne garantit que la croissance économique sera celle annoncée par le ministre.

Du côté des dépenses, certains ministères voient les crédits qui leur sont alloués augmenter. 1,6 milliard d'euros supplémentaires sont répartis entre la Défense, l'Intérieur et la Justice: les militaires et les policiers sont bien servis.

Mais les principales dépenses supplémentaires, 4 milliards d'euros, vont à ce que le gouvernement appelle «la bataille de l'emploi». En fait, cela consiste en deux milliards d'allégements de charges pour les entreprises, un milliard pour la recherche (industrielle) et l'innovation technologique, de l'argent pour les contrats «aidés». Ces sommes s'ajoutent à des dégrèvements déjà votés au Parlement: plafonnement de la taxe professionnelle (1,3 milliard d'euros), suppression de la surtaxe Juppé sur l'impôt sur les sociétés (500 millions), crédit d'impôt sur l'accession à la propriété (500 millions), abattements fiscaux qui profitent avant tout aux plus riches, etc.

Toutes ces mesures grèvent le budget de l'État sans créer un seul emploi. Ce sont des cadeaux, même pas déguisés, faits aux patrons et aux plus riches, qui s'ajoutent aux milliards d'euros versés de façon indirecte sous la forme de marchés, d'aides au développement ou de commandes, pour l'armement par exemple. Au total, les aides publiques au patronat, directes ou indirectes, sont estimées à 61 milliards d'euros. Sans elles, le budget de l'État dégagerait un excédent de 14,2 milliards, au lieu d'être déficitaire!

Alors, pour financer ces cadeaux, le gouvernement doit trouver des ressources. Il les cherche en rognant sur les dépenses de fonctionnement, et tout d'abord par des suppressions d'emplois. Il avait déjà annoncé que tous les départs à la retraite ne seraient pas remplacés, et il continue dans la même veine. Le projet de loi de finances pour 2006 prévoit la suppression de 5 318 postes de fonctionnaires, qui s'ajoutent aux 7 392 de l'an passé, plus particulièrement dans les ministères des Finances, des Transports et de l'Agriculture. 1 400 postes d'enseignants seront par ailleurs supprimés à l'Éducation nationale, dans le secondaire. Voilà comment le gouvernement montre l'exemple quand il dit vouloir «gagner la bataille de l'emploi»!

Moins de fonctionnaires, cela veut dire une dégradation du service public qui va en s'aggravant, tandis que l'argent de l'État sert en grande partie à enrichir une poignée de parasites.

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