18 euros à la charge des assurés sociaux : Le nouveau forfait du gouvernement06/10/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/10/une1940.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

18 euros à la charge des assurés sociaux : Le nouveau forfait du gouvernement

Le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, souffrirait-il de trous de mémoire? Lors de la présentation publique de ses mesures pour redresser les finances de la Sécurité sociale, mercredi 28 septembre, il avait en effet tout bonnement «oublié» de signaler un petit détail: la proposition d'instaurer un ticket modérateur de 18 euros sur les actes de plus de 91 euros. Une paille !

Jusqu'à présent en effet, le principe des remboursements de la Sécurité sociale était le suivant: considérant que les actes coûtant plus d'une certaine somme (91 euros en l'occurrence) correspondaient à des actes lourds décidés par les médecins, ces actes étaient remboursés à 100%. En revanche, pour les soins moins onéreux, 20% restaient à la charge de l'assuré, ceci, officiellement, afin de «responsabiliser» les malades et de les dissuader de multiplier les consultations.

Le gouvernement veut donc faire sauter la barrière des 91euros, afin «d'éviter les effets de seuil et de rendre plus équitables les règles de participation de l'assuré». Charabia que son propre service de presse traduit en clair par: «mettre tout le monde à égalité». Comme si le gouvernement était préoccupé d'égalité! Et comme si être remboursé de ses grosses dépenses de santé était jusque-là un privilège, et non le droit de tous! Mais pour justifier l'injustifiable, tout est bon. Et après tout, à la différence des soins médicaux, les mensonges, même les plus grossiers, ne coûtent pas cher.

Certes, la mesure ne s'appliquera pas (pour le moment?) pour les longues maladies, les femmes enceintes, les nouveau-nés hospitalisés, les pensionnés pour un accident du travail, une maladie professionnelle, ou en invalidité. Mais quand on connaît le prix de n'importe quel acte ou examen médical, il n'est pas difficile de voir que ces exceptions ne représentent que la portion congrue et que la grande majorité des travailleurs, même parmi les plus démunis, seront touchés par cet nouveau recul.

En attendant, et contre toute évidence, le gouvernement s'est senti obligé de prétendre que ce ticket modérateur de 18 euros n'allait pas retomber sur le porte-monnaie des assurés. Ainsi, ce sont les mutuelles qui devront le prendre en charge, munies des bons conseils de Xavier Bertrand, qui leur a demandé de bien vouloir faire «aussi un effort en ne reportant pas cette mesure sur les patients». Un bon conseil, même ministériel, n'ayant toutefois jamais suffi à équilibrer un budget, on peut d'ores et déjà prévoir que les mutuelles ne pourront pas faire autrement que répercuter la hausse de leurs dépenses sur les cotisations de leurs assurés. Et cela sans parler de tous ceux, et ils sont nombreux, qui n'ont pas ou qui n'ont plus les moyens de se payer une mutuelle.

La mesure «oubliée» de Xavier Bertrand apparaît donc pour ce qu'elle est: une infamie de plus dans une longue liste. Mais une infamie que les assurés sociaux ne sont pas près, eux, d'oublier.

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