Tchad-Cameroun : La loi des compagnies pétrolières29/09/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/09/une1939.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Tchad-Cameroun : La loi des compagnies pétrolières

Un rapport d'Amnesty International fournit un nouvel exemple de l'exploitation éhontée des ressources de l'Afrique par les compagnies pétrolières. Il porte sur l'exploitation d'un gisement de pétrole dans le sud du Tchad et son acheminement vers le marché mondial via un oléoduc qui traverse le Cameroun.

Pour le consortium américano-malaisien qui a mené ce projet, regroupant derrière Exxon-Mobil Chevron-Texaco et Petronas, il s'agissait d'implanter 300 forages pétroliers dans le sud du Tchad et de construire un oléoduc long de 1070 km jusqu'au port de Kribi au Cameroun. Or ces travaux ont gravement affecté les populations vivant dans les zones d'exploitation et le long de l'oléoduc. Des milliers de Pygmées par exemple ont vu leurs territoires de chasse forestiers amputés et le gibier, base de leur alimentation, disparaître. Des milliers d'agriculteurs ont également été expropriés, souvent par la force, grâce à la complicité entre les compagnies pétrolières, les dirigeants locaux et l'armée. Et ils n'ont été que peu ou pas indemnisés, les autorités détournant une grande partie des maigres fonds alloués à ces agriculteurs. Les maladies provoquées par les travaux, notamment par la poussière soulevée, ainsi que la pollution de l'air, des nappes phréatiques et des sols, ont provoqué un exode massif des populations voisines de l'oléoduc.

Le consortium a aussi obtenu des États tchadien et camerounais des contrats garantissant, quoi qu'il arrive, leurs investissements. Il était prévu, par exemple, qu'aucun acte gouvernemental ne pourrait augmenter les charges de la société exploitant l'oléoduc. Amnesty cite notamment des clauses qui imposent aux États "de lourdes indemnités en cas d'interruption de l'exploitation (...) même s'ils interviennent afin de protéger des droits"!

Il est également prévu que les nouvelles lois ne s'appliqueraient pas aux compagnies pétrolières, qui se voyaient garantir le maintien des conditions de 1988!

Les contrats entérinant cette situation sont prévus pour une durée de trente à soixante-dix ans. Quant à ceux, représentants des populations concernées, syndicalistes ou membres d'ONG, qui ont tenté de protester, ils ont été intimidés, menacés, arrêtés. Certains ont même disparu.

Les compagnies pétrolières s'arrogent des droits de seigneurs féodaux, ayant pouvoir de vie et de mort sur la population et celui de disposer de tout ou partie du territoire qui les intéresserait, avec la complicité des pouvoirs locaux corrompus.

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