Régie du SIEDS - Niort (Deux-Sèvres) : Coup d'arrêt à la privatisation29/09/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/09/une1939.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Régie du SIEDS - Niort (Deux-Sèvres) : Coup d'arrêt à la privatisation

Dans les Deux-Sèvres, la grande majorité des 305 salariés de la Régie du SIEDS, qui fournit le département en électricité, ont fait deux semaines de grève pour empêcher le démantèlement de leur régie.

Dans ce département, la fourniture d'électricité était assurée jusqu'en 2004 par un établissement public, la Régie du SIEDS, le syndicat intercommunal d'électricité. Jusque-là, les recettes de la distribution d'électricité revenaient entièrement à cette régie, qui entretient et renouvelle le réseau électrique du département.

Mais depuis juillet 2004, le marché de la distribution d'électricité aux professionnels est ouvert à la concurrence. Le SIEDS a alors confié cette distribution à Ouest Énergie, société détenue en partie par le groupe Suez, avec l'intention affichée de lui confier à terme la totalité de la distribution aux particuliers.

Ainsi, les recettes de la distribution du courant revenaient à une filiale d'un groupe privé, tandis que la régie, publique, devait poursuivre l'entretien du réseau avec ce que lui reverserait Ouest Energie.

Pour les salariés et les syndicats, cette séparation en deux entités signifiait la mort programmée de la régie, privée du gros de ses ressources, et à terme sa privatisation complète. Après une procédure en justice, ils avaient obtenu en juin une délibération annulant le transfert à Ouest Énergie pour vice de procédure. Mais rien n'avait changé dans les faits car, pour les dirigeants du SIEDS, il n'était pas question de revenir en arrière.

Lorsque, le 7 septembre dernier, les salariés ont pris connaissance du montant des baisses de recettes pour l'année 2005, environ 20%, la colère a éclaté. La quasi-totalité se sont mis en grève, et ont reconduit leur mouvement pour exiger le retour de la distribution à la régie.

Se réunissant quotidiennement en AG à 150-200 (alors qu'une partie d'entre eux reste toujours d'astreinte), groupés autour d'une intersyndicale CGT-FO, ils ont multiplié les actions et les appels aux médias pour se faire entendre. Ils ont ainsi coupé le courant à leur ancien directeur, et fait passer les communes en tarif de nuit, moins cher, le temps d'un week-end.

Face à eux le président du SIEDS a opposé fermeté et mépris, décidé à faire des Deux-Sèvres un département "pilote" dans la privatisation de la distribution d'électricité. Devant le blocage de la situation, les salariés ont repris le travail au bout d'une semaine, avant de se remettre en grève le 19 septembre, toujours aussi déterminés.

Avec le soutien des unions locales CGT, ainsi que des syndicalistes de l'EDF, les grévistes ont poursuivi leurs actions, en effectuant des coupures de courant. Beaucoup de maires des petites communes du département, craignant la dégradation du réseau pour leur commune, ont aussi manifesté leur soutien.

Finalement, vendredi 23, le président du SIEDS a cédé et accepté de signer un nouveau protocole: la distribution d'électricité devrait revenir à la régie, celle-ci changeant de statut pour devenir une société d'économie mixte, comme c'est le cas dans la Vienne. Ce protocole doit être entériné définitivement le 3 octobre. Même si cela signifie quand même l'entrée de capitaux privés, les salariés se sont réjouis de cet accord qui annule le démantèlement prévu et restitue la distribution de l'électricité à la régie. Et cela, ils le doivent à leur mobilisation.

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