Logements insalubres à Paris : L'urgence attendra encore29/09/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/09/une1939.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Logements insalubres à Paris : L'urgence attendra encore

Le maire PS de Paris, Delanoë, vient d'être mis en minorité par une alliance de circonstance Verts-PCF-UMP sur la question des logements insalubres. Pour l'occasion l'UMP a voté pour la création de 2500 places d'hébergement d'urgence et pour la construction de 5000 logements HLM par an au lieu de 4000... toutes choses que non seulement elle n'avait pas faites lorsque Chirac, puis Tiberi étaient maires de Paris, mais qu'elle ne fait ni dans les mairies d'arrondissement qu'elle détient, ni dans les villes de banlieue qu'elle gère.

Tiberi, à l'époque, ne reconnaissait l'existence que de trente immeubles insalubres, alors que le PS, dans l'opposition, en comptait 200. Élu maire en 2001, Delanoë en trouva en réalité 1000 et plaça un élu Vert à la tête de la SIEMP, l'organisme chargé, entre autres, de résoudre le problème du logement insalubre avant la fin de la mandature, en 2008.

En 2004, tout allait pour le mieux dans la bonne ville de Paris: de la construction de tramways aux vacances à Paris-Plage, la municipalité préparait l'arrivée des Jeux olympiques. L'ensemble des élus de la majorité de Delanoë se félicitait même du "remarquable travail de la SIEMP" pour résoudre la question du logement insalubre. Malgré tout, en décembre 2004, lors de la discussion du budget 2005, un élu du groupe communiste fit remarquer que la ville n'achetait pas assez de logements à rénover, ni de terrains pour construire les logements sociaux nécessaires. Il ajoutait que Paris vendait des immeubles qu'elle aurait pu transformer en logements sociaux. Il proposait de trouver des fonds supplémentaires pour le logement social en prenant sur les droits de mutation, droits que touche la ville sur chaque transaction immobilière et dont le total augmente avec les prix de l'immobilier. La ville a perçu par ce biais 400 millions d'euros en 2003, 500 millions en 2004 et percevra au moins 750 millions cette année. Delanoë refusa, considérant que la municipalité faisait déjà ce qu'elle pouvait pour loger les pauvres et reloger ceux qui étaient dans des taudis. Cela n'empêcha évidemment pas les élus PCF et Verts de voter le budget... puisqu'ils le gèrent, avec le PS, tout au long de l'année. À leur grande satisfaction, si ce n'est à celle de ceux qui attendent un logement.

Mais voilà qu'en 2005, trois incendies successifs ont fait plusieurs dizaines de morts dans des immeubles insalubres à Paris. Delanoë s'est alors défendu en disant que, depuis le début de sa mandature, la moitié des personnes vivant dans des logements insalubres ont été relogées. (Il reste tout de même, d'après la SIEMP, 1500 familles à reloger d'urgence.) Il a proposé de consacrer 60 millions supplémentaires à ce problème (pris sur les... 350 millions supplémentaires que rapportent les droits de mutation).

Les Verts, quant à eux, semblent avoir été, au moins pour un temps, tirés de la contemplation de leurs pistes cyclables et du ronron de la SIEMP par les incendies et les expulsions. Ils ont déclaré: "40000 logements vides à Paris, un milliard d'euros programmés pour les JO, repensons nos priorités" (31 août), et même affirmé que les possibilités de relogement offertes par la SIEMP sont limitées non seulement par l'État... mais par la Ville de Paris. Et de chiffrer à 1500 le nombre de logements qu'il faudrait pour résoudre immédiatement les problèmes les plus criants.

Ces nobles paroles démontrent en effet, chiffres à l'appui, qu'on pourrait immédiatement mettre à l'abri les gens qui vivent dans des taudis à Paris, si on le décidait.

Et alors? Alors rien. Lundi 26 septembre, le Conseil de Paris, Verts compris, a tout simplement retiré la question du logement social de son ordre du jour.

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