Il y a vingt ans, le 26 septembre 1985, Coluche lançait sur les antennes d'Europe 1 l'idée d'une cantine gratuite, ouverte aux plus démunis, et financée par les dons publics. Les "Restos du coeur" étaient nés, et dès la première année, ils avaient distribué gratuitement 8,5 millions de repas.

Vingt ans après, les Restos du coeur, loin de voir leur rôle diminuer, ont au contraire multiplié leur activité, à tel point qu'elle est devenue aujourd'hui indispensable: pendant le dernier hiver 2004-2005, 67 millions de repas ont été distribués.

Car dans le domaine de l'aide alimentaire aux plus pauvres, comme dans bien d'autres domaines, l'incurie des pouvoirs publics, et du gouvernement en particulier, est totale.

La plus grosse partie des ressources de cette association vient des dons des particuliers, et les repas peuvent être distribués parce que des milliers de bénévoles, chaque année, pallient l'incurie de l'État, dans ce qui devrait être une garantie élémentaire, évidente, vitale: que chacun puisse manger à sa faim.

L'Union européenne, au fil des années, a contribué à une partie des ressources des Restos du coeur et des autres associations similaires (Secours populaire, Croix-Rouge, Fédération des banques alimentaires). Cette contribution s'est faite essentiellement sous forme de produits agricoles, pris sur les surplus et sur les stocks européens alimentaires. Mais même de ce côté-là, la période est à la restriction: car les Restos du coeur ont annoncé que cette aide va être diminuée de manière importante cette année. D'une part c'est l'enveloppe globale européenne qui est amputée, d'autre part les demandes venant des nouveaux États membres vont être prises désormais en compte. L'aide destinée aux associations françaises va donc diminuer de 20%, chutant de 48 millions d'euros à 38 millions d'euros. C'est d'autant plus choquant qu'il s'agit en fait de sommes dérisoires, même pour le budget agricole européen.

Comme le résume très bien le président des Restos du coeur, les vingt ans de ceux-ci ne seront pas fêtés: "Il n'y a pas de quoi se réjouir d'être encore là".