Les "aides aux entreprises" : Les finances publiques pillées par les patrons29/09/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/09/une1939.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Les "aides aux entreprises" : Les finances publiques pillées par les patrons

À propos des licenciements annoncés chez Hewlett-Packard, le président du Conseil général de l'Isère, puis Chirac, puis Villepin, tous se sont indignés publiquement des aides publiques reçues par l'entreprise, et de son manque de reconnaissance. Et chacun d'envisager de réclamer le remboursement desdites aides.

Mais on nage dans l'hypocrisie, car la distribution d'aides publiques aux propriétaires d'entreprise n'est pas l'exception mais la règle, que celles-ci ensuite licencient ou pas.

Sur ce plan, les politiciens et notables de droite comme de gauche puisent sans compter dans les caisses publiques. Cela commence au niveau de l'État bien sûr, et du budget, avec une liste interminable: aides au développement, à l'innovation, à la recherche, à l'installation, à la restructuration, à l'aménagement du territoire, etc., avec une multitude de dégrèvements de charges sociales et d'abaissements d'impôts, voire de crédits d'impôt ou de reversements directs d'argent, comme souvent dans le cas d'exportations.

Aux aides d'État et aux aides régionales et locales s'ajoutent les aides européennes, qui doivent en règle générale s'adosser à d'autres aides décidées dans le pays. Et puis il y a les aides multiples, calquées sur le modèle de l'État ou spécifiques, distribuées par les régions, les départements, les communautés de communes et les communes, ouf! Les préfectures possèdent chacune les très gros classeurs qui récapitulent les multiples aides distribuées par tous les services de l'État et les collectivités.

Un bon nombre de ces aides aux entreprises sont dissimulées dans des investissements théoriquement faits pour le compte des collectivités, et en réalité pour le bénéfice exclusif des employeurs. Dans la plupart des zones d'activités, les terrains prêts à l'emploi sont mis gratuitement à la disposition des entreprises. Quand les terrains et les immeubles des entreprises, avec les frais d'aménagement et d'entretien qui vont avec, restent la propriété des collectivités locales, celles-ci se contentent souvent de demander en échange aux entrepreneurs un loyer ridicule. Dans certaines de ces zones, il faudrait plus de cent ans de loyers pour que la collectivité rentre dans ses frais. Inutile de dire que le patron aura depuis longtemps fermé boutique d'ici là. Et souvent lesdits employeurs sont en plus exemptés de la taxe professionnelle.

Certains patrons ont pu prévoir qu'en ajoutant les aides les unes aux autres ils pouvaient, dans certaines régions, arriver à faire construire sans bourse délier une entreprise importante de plusieurs centaines de salariés avec des investissements lourds en machines.

En 1995 on estimait le montant total des aides publiques aux entreprises à 300 milliards de francs. Huit ans plus tard, on estimait qu'elle devait atteindre 400 milliards de francs, soit 61 milliards d'euros, presque l'équivalent du quart du budget total du pays. Ce détournement permanent d'argent, qui passe aussi par les travaux ou l'achat de fournitures et d'équipements commandés à prix fort, pompe une part importante de l'argent public.

Le scandale permanent est là. Chacun sait, à droite comme à gauche, qu'avec cet argent on pourrait combler tous les trous factices de la Sécurité sociale et d'autres services publics, et satisfaire tous les besoins en attente. Mais, malgré leurs déclarations hypocrites, aucun n'envisage de changer de politique.

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