Corruption : Règlement de comptes chez Thales29/09/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/09/une1939.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Corruption : Règlement de comptes chez Thales

Un ancien dirigeant de Thales Engineering and Consulting (THEC) vient de révéler dans le journal Le Monde du 27 septembre que le groupe Thales pratiquerait systématiquement la corruption pour obtenir des marchés. Cela représenterait entre 1 et 2% du chiffre d'affaires de l'entreprise.

Thales et la corruption? C'est une longue idylle. Mais la pratique des pots-de-vin, surtout dans les milieux des ventes d'armements, s'étend bien au-delà de cette entreprise.

Cette histoire apparaît en premier lieu comme un règlement de comptes entre la direction de Thales et son ancien collaborateur. Premier épisode: le dirigeant de THEC est dénoncé en avril dernier par la direction de Thales elle-même, accusé d'avoir versé 900000 euros de pots-de-vin afin d'obtenir le marché du tramway de Nice. Cette affaire de corruption ayant été révélée quelques mois plus tôt, faire porter le chapeau à un deuxième couteau après l'avoir licencié permettait à Thales de s'en sortir les mains blanches. Deuxième épisode: le bouc émissaire, qui a été mis en examen et travaille maintenant chez le concurrent EADS, contre-attaque en faisant des révélations au Monde, accusant ainsi Thales d'avoir pratiqué systématiquement la corruption et contourné l'embargo en Irak en prétendant installer une usine fabriquant du lait en poudre, alors qu'il se serait agi d'armes chimiques, etc. Troisième et dernier épisode (pour l'instant): Thales le poursuit en diffamation, lui ainsi que le journal qui a publié ses propos; et EADS (qui craint peut-être qu'il ne fasse ce même type de révélations à son sujet?) envisage de le licencier.

Pour Thales, ex-Thomson, qui espérait en changeant de nom faire un peu oublier toutes les affaires de corruption qu'il traîne derrière lui, et qui a de plus publié un "code d'éthique" à l'intention de ses salariés, être accusé de verser des dessous-de-table pour enlever des marchés fait mauvais effet. Il est vrai que, de la vente des frégates à Taïwan en 1991, en passant par l'Argentine, l'Afrique du Sud, le Cambodge ou le Moyen-Orient, bien des marchés emportés par l'entreprise d'électronique et d'armements l'ont été en échange d'importantes "commissions", et Thales a plus d'une fois été épinglé pour cela.

Mais, plus particulièrement dans les milieux de l'armement où les ventes se chiffrent en milliards et où les acheteurs sont des États, la pratique de pots-de-vin versés aux personnes influentes (industriels, conseillers, fonctionnaires, chefs d'État eux-mêmes, etc.) est la règle. Dans ce domaine, Thales ne fait ni plus ni moins que ses concurrents.

Des centaines de millions d'euros disparaissent ainsi dans les poches d'une poignée d'individus, afin que quelques entreprises puissent vendre leurs engins de guerre. La concurrence qu'elles se livrent entre elles amène à ce gâchis des richesses. Mais le plus grand gâchis réside dans les milliards engloutis en armements, accompagnés ou non de pots-de-vin.

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