Toyota-Onnaing (Nord) : Le capitalisme crée des emplois...et en détruit encore plus15/09/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/09/une1937.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Toyota-Onnaing (Nord) : Le capitalisme crée des emplois...et en détruit encore plus

Toyota vient de s'offrir un joli coup de publicité gratuite en annonçant mille embauches sur son site d'Onnaing, dans le Nord. Les politiciens locaux en ont profité pour en revendiquer la paternité et Borloo aurait même tenu à annoncer officiellement cette nouvelle lors du Conseil des ministres.

Dans le Valenciennois, le taux de chômage est de 14% et il est vraisemblable que plusieurs milliers de candidats répondent aux annonces de Toyota, qui s'affichent en gros dans les agences d'intérim... et jusque dans les lycées professionnels!

Mais cette opération médiatique relève beaucoup de la publicité mensongère! Sur les mille embauches prévues, 700 seraient en intérim et CDD et ne dureraient que le temps du lancement du nouveau modèle. En avril dernier, Toyota avait mis fin -mais beaucoup plus discrètement- aux missions de 500 intérimaires et CDD qui travaillaient en équipe de nuit!

Et puis, il faut un sacré toupet pour présenter ces embauches comme un cadeau social: le salaire d'un ouvrier en production ne dépasse pas 1100 euros avec une prime trimestrielle de 500 à 700 euros (mais sans 13e mois). Les cadences sont telles que l'infirmerie et le kiné ne désemplissent pas de jeunes ouvriers de 25-30 ans qui souffrent de problèmes de dos, de tendinites ou du canal carpien. Il y a même cette spécificité de Toyota qui consiste à annoncer en fin de poste 10, 20 ou 55 minutes de temps additionnel lorsque la production prévue n'a pas été atteinte.

Alors beaucoup d'ouvriers, même embauchés, préfèrent aller voir ailleurs ou se font licencier quand la direction ne les juge pas assez dociles ou rentables. Depuis 2001, date des débuts de l'usine, plus de mille travailleurs, sur un effectif de 3200, ont été licenciés ou ont démissionné. Ce renouvellement permanent des effectifs, le "turn-over", est devenu une vraie politique de la direction qui profite du fort chômage de la région pour imposer ces conditions de travail.

Toyota embauche car la marque veut produire plus de voitures, vendre plus et faire plus de profits. Mais, en la matière, la concurrence pour le profit détruit bien plus d'emplois qu'elle n'en crée. Ce mois-ci, Citroën à Aulnay ou Peugeot-Sevelnord (à côté de Valenciennes) ont mis fin à des centaines de contrats intérimaires. Sans parler de Volkswagen qui vient d'annoncer des milliers de suppressions d'emplois, 14000 selon certains déclarations, 30000 selon d'autres, pour la plupart en Allemagne...

Pourtant, avec plus de 3500 euros de bénéfice par mois et par salarié dans le monde, Toyota comme tous les autres trusts de l'automobile auraient largement les moyens de financer les dizaines de milliers d'embauches nécessaires dans leurs usines pour y rendre les conditions de travail un peu moins inhumaines.

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