Renault-Sovab-Batilly (Meurthe-et-Moselle) : Comment Renault augmente ses profits15/09/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/09/une1937.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Renault-Sovab-Batilly (Meurthe-et-Moselle) : Comment Renault augmente ses profits

Début septembre, à l'usine Sovab de Batilly - où 3000 salariés produisent pour Renault les fourgonnettes Master et les petits camions Mascott - la direction a décidé d'augmenter les cadences sans changement majeur dans l'organisation du travail et, surtout, sans nouvelle embauche.

L'augmentation représente au final pour Renault un gain de cinq secondes sur la sortie de chaîne de chaque Master, la direction gagnant ainsi environ sept véhicules par jour, sans débourser le moindre centime. Elle avait déjà fait le coup en mai dernier, et elle comptait remettre le couvert d'ici à la fin de l'année.

Cette nouvelle hausse des cadences a provoqué plusieurs débrayages, les 9 et 10 septembre, au Montage, puis en Tôlerie. Quelques dizaines de travailleurs y ont participé, en particulier des jeunes pour qui il n'était pas question de travailler plus sans aménagement des postes de travail, et donc sans effectif supplémentaire.

Soutenus par l'ensemble des syndicats, les débrayages ne se sont pas étendus au reste de l'usine, même si le mécontentement est profond. Il est en particulier alimenté par la cascade de samedis travaillés, le pont du 1er novembre refusé... alors que nous avons chômé quatre jours en début d'année. Cela se passe dans un contexte où Renault vient d'annoncer un nouveau record de bénéfices pour le premier semestre 2005: 52% de hausse et 2,2 milliards d'euros! Un record qui succède à un record, lui-même succédant à un record...

Inquiète de ces débrayages, la direction a, dès le lundi 12 septembre, fait appel à des intérimaires pour soulager les postes les plus chargés et dans les secteurs les plus combatifs. Toute la hiérarchie se pressait dans les ateliers les plus remuants: cela faisait bien longtemps qu'elle ne s'était pas autant intéressée à nous! Les grévistes l'ont pris comme un encouragement à ne pas se laisser faire.

La direction a tenté de justifier les augmentations de cadences en expliquant que "nous avons tous à y gagner". Et de ressortir la menace que si "nous" coûtons trop cher, Renault pourrait ne pas choisir Batilly pour produire le futur Master. Une menace qui revient comme les radis depuis l'ouverture de l'usine, sur les ruines de la sidérurgie et des mines de fer, prétexte pour offrir un pont d'or d'aides publiques à Renault.

La direction a aussi affirmé que cela permettait de gagner par rapport à la concurrence. Tous les patrons disent cela, mais les a-t-on vu baisser le prix de leurs produits?

Enfin et surtout la direction a eu le culot d'ajouter que d'augmenter la vitesse des chaînes de quelques secondes, cela ne se sentirait pas! Il n'y a que des directeurs, les fesses bien calées dans leur fauteuil, pour prétendre cela. Mais sur les chaînes, nous en avons assez des augmentations de cadences qui bousillent nos articulations et nos tendons pour que Renault-Nissan fassent de plus gros bénéfices.

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