Le PCF veut remettre sur pied..."ce qui a échoué"15/09/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/09/une1937.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le PCF veut remettre sur pied..."ce qui a échoué"

Beaucoup se souviennent encore de la formule de Robert Hue, alors secrétaire du PCF, qui en 1997 à la veille des élections législatives répétait "Il ne faut pas refaire ce qui a échoué". Il faisait allusion à la triste expérience de la participation des ministres, de 1981 à 1984, de son parti au gouvernement dirigé par les socialistes. Et, comme il était à craindre, le PCF avait de nouveau baissé pavillon et, en 1997, il était entré dans le gouvernement Jospin, y envoyant Jean-Claude Gayssot et Marie-George Buffet.

Le bilan est encore frais dans les mémoires. Il s'est traduit en 2002 par la défection de deux millions d'électeurs qui avaient voté pour le PS et le PCF, sanctionnant de cette façon ceux qui se prétendaient leurs représentants et leurs défenseurs, et qui avaient mené pendant plus de quatre ans une politique antiouvrière, social-libérale dirait-on aujourd'hui. Il ne s'agit pas de ressasser ce passé, mais il permet de mieux comprendre ce qui risque de se passer demain.

Marie-George Buffet, faisant écho à la petite phrase de Hue, explique qu'il n'est pas question d'être associé à un gouvernement qui pratiquerait une telle politique. "On ne veut pas d'un réformisme de gauche, d'un social-libéralisme. Il faut que le PS l'entende" a-t-elle redit dans une interview au Monde du 10 septembre. Et s'il ne l'entend pas, comme il est à prévoir? Même Fabius, que le PCF a contribué à conforter dans son image de leader du "non de gauche" ne prétend pas avoir rompu avec le réformisme, tout juste se déclare-t-il désormais antilibéral, ce qui ne veut pas dire grand-chose. Et encore moins Hollande, Strauss-Kahn, Jospin ou d'autres prétendants socialistes à la présidentielle de 2007, car il n'est pas dit que le PS choisira Fabius comme candidat à l'élection présidentielle. Mais l'un de ceux-là le prétendrait-il qu'il serait bien naïf et risqué de le croire.

Mitterrand, en son temps, en 1971 n'avait pas peur des mots. Il déclarait "Réforme ou révolution? J'ai envie de dire(...) oui révolution. Et je voudrais tout de suite ajouter sans jouer sur les mots, la lutte de chaque jour peut être révolutionnaire. Mais ce que je viens de dire pourrait être un alibi si je n'ajoutais (...) violente ou pacifique, la révolution, c'est d'abord une rupture(...). Celui qui ne consent pas à la rupture avec l'ordre établi (...) avec la société capitaliste, celui-là, je le dis, ne peut être adhérent du PS." Eh oui, c'était ce même Mitterrand qui fut le président de la République, durant quatorze années qui ne furent pas marquées par la rupture avec le "libéralisme", encore moins avec le capitalisme.

Mais ajoute Marie-George Buffet, il faut peser pour imposer au PS des engagements sur un projet antilibéral. Sinon, ajoute-t- elle, nous ne serons pas dans ce gouvernement. Que choisira de faire la direction du PCF dans 18 mois? Attendons 2007 pour le savoir, mais ce que feront les dirigeants du PS, si l'un des siens était élu, on peut malheureusement le prévoir. Ils referont ce qu'ils ont fait chaque fois qu'ils ont été au gouvernement. Et même s'ils acceptaient -ce qui est peu probable- une plateforme plus ou moins radicale dans ses engagements, cela ne les engagerait pas plus.

Faut-il rappeler que le programme commun signé en 1972 par Mitterrand, Marchais et le président du Parti Radical en 1972, contenait bien plus d'engagements que ceux contenus dans les discours les plus radicaux des dirigeants socialistes actuels. Et si on se le rappelle si peu aujourd'hui, c'est que ce projet, de plus de 170 pages, est finalement resté lettre morte. Toute l'expérience de ce que l'on appelle la gauche montre que l'on ne peut peser sur ces hommes de la bourgeoisie que sont les dirigeants socialistes, quels que soient les discours et les tactiques qu'ils adoptent.

Est-ce à dire que les travailleurs seraient sans perspective? Pas du tout. Ils peuvent peser et peser efficacement sur les orientations politiques d'un gouvernement, quelle que soit sa couleur politique, peut-être de gauche dans le futur, mais même de droite comme actuellement, en intervenant massivement sur leur terrain, celui de la lutte de classe.

La classe ouvrière ne peut compter, pour se faire entendre que si elle s'exprime par des luttes, dans les entreprises, dans la rue. Elle est impuissante, si elle ne compte que sur le verdict des urnes. D'autant que, sur ce terrain-là, les dés sont pipés.

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