Ensemble dans la lutte, oui ! Entente électorale derrière le PS, non !15/09/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/09/une1937.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Ensemble dans la lutte, oui ! Entente électorale derrière le PS, non !

La participation massive a montré une fois de plus que la fête de L'Humanité demeure le plus grand rassemblement populaire dans le pays. Et ceux qui s'y sont rendus partageaient, par-delà la diversité de leurs opinions, la dénonciation de la politique violemment antiouvrière du gouvernement.

Comment ne pas être choqué par le cynisme de la dernière proposition du ministre de l'Économie, qui prétend combattre le chômage en "favorisant la mobilité" des chômeurs? Comme si un crédit d'impôt de 1500 euros suffisait pour qu'un chômeur à la recherche d'un travail abandonne son logement et déménage, au gré des besoins de main-d'oeuvre de l'hôtellerie ou du bâtiment!

Comment ne pas être écoeuré devant la petite comédie jouée entre le ministre de l'Économie et les dirigeants des trusts pétroliers? Ceux-ci ont augmenté dans des proportions extravagantes le prix de l'essence et, pire encore, celui du fioul domestique. Ce faisant, ils encaissent des profits élevés comme jamais. Le ministre de l'Économie a fait mine de faire appel au "comportement citoyen" des trusts pétroliers, qui ont concédé une diminution de deux ou trois centimes sur l'essence -un dixième des hausses! Et tout ce beau monde se congratule, pendant que les usagers trinquent!

Et il y a les multiples lois et ordonnances sur les retraites, sur la Sécurité sociale, sur le contrat "nouvelle embauche", qui s'attaquent toutes aux travailleurs et visent à laisser les mains libres au grand patronat pour licencier, bloquer les salaires, généraliser la précarité.

Que tout cela soit dénoncé dans un rassemblement populaire, cela fait plaisir.

Mais, au-delà de cette dénonciation, quelle perspective? Le Parti Communiste veut apparaître comme le grand rassembleur de la gauche en vue des élections de 2007. Marie-George Buffet, se flattant "de la grande bataille du référendum qui avait infligé un sérieux revers à la droite et à tous les tenants de l'ordre établi" (ce revers n'a pourtant impressionné ni le gouvernement ni le patronat), propose de "faire la gauche ensemble", afin qu'elle puisse "chasser la droite".

Mais pourquoi donc la droite a-t-elle pu revenir en force, après cinq ans du gouvernement de Jospin? Comment empêcher que la gauche ne recommence à gérer loyalement les affaires de la bourgeoisie, comme elle l'a toujours fait sous Mitterrand ou Jospin, avec ou sans ministres communistes?

Si la droite a pu revenir au pouvoir et tenir le haut du pavé, c'est parce que la gauche au gouvernement s'est montrée incapable de défendre les travailleurs en quoi que ce soit, face aux licenciements et à l'avidité du patronat. En affichant son impuissance, elle a accrédité l'idée qu'il n'y avait rien à faire.

Mais à qui faire croire qu'avec Fabius, invité de marque à la fête de L'Humanité, ce serait mieux qu'avec Jospin? Au-delà de Fabius, ce bourgeois qui, en tant que Premier ministre, n'a laissé aux travailleurs que de mauvais souvenirs, qui peut penser qu'un homme providentiel pourrait faire reculer le grand patronat? L'économie et la société sont dominées par la grande bourgeoisie, qui peut faire tomber du jour au lendemain n'importe quel ministère. Même plein de bonnes intentions, un gouvernement ne peut contraindre les puissances d'argent à reculer qu'en s'appuyant sur une mobilisation exceptionnelle du monde du travail. Et qui peut espérer que les "présidentiables" socialistes, derrière lesquels le Parti Communiste s'apprête à s'aligner, soient bien intentionnés envers les travailleurs?

La seule alternative à la politique d'aujourd'hui est que la classe ouvrière impose par sa mobilisation ses propres exigences. Une telle mobilisation ne viendra pas en un seul jour. Il faut que le monde du travail retrouve confiance en sa force.

La journée du 4 octobre, proposée par les directions syndicales, ne suffira pas pour faire reculer le gouvernement et le patronat, si elle reste sans lendemain. Mais elle peut être, elle doit être une occasion d'affirmer que de plus en plus de travailleurs sont convaincus que seule leur lutte collective représente un avenir.

Arlette LAGUILLER

Éditorial des bulletins d'entreprise du 12 septembre

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