Baisse de l'essence : Fausse menace, vraie arnaque15/09/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/09/une1937.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Baisse de l'essence : Fausse menace, vraie arnaque

L'échange entre le gouvernement et les dirigeants des compagnies pétrolières manquait vraiment de naturel.

Acte I: Thierry Breton, le ministre de l'Économie, dans un numéro de "retenez-moi ou je vais faire (peut-être) un malheur", s'emporte publiquement sur l'envolée des prix de l'essence. Devant les caméras, il exhorte Total à se comporter en "entreprise citoyenne", allant jusqu'à évoquer le spectre d'une possible "taxe exceptionnelle correspondant à des profits exceptionnels dans une situation exceptionnelle". Fichtre !

Acte II: le lendemain, Total annonce une baisse de 2 à 3 centimes de ses prix à la pompe, tout en tenant à affirmer que celle-ci ne doit rien aux menaces du gouvernement mais est due à la détente enregistrée sur les prix du pétrole brut.

Acte III: les deux larrons se complimentent mutuellement. Breton fait part de sa satisfaction, publie un communiqué dans lequel il n'est plus question de taxe et félicite Total qui "partage avec le gouvernement" le "souci (...) d'atténuer les effets de la hausse du prix du baril sur le consommateur" tandis que Total entonne de son côté la même chanson.

Cette mauvaise comédie de boulevard prêterait à rire si les spectateurs n'avaient pas payé leur place aussi cher.

Car elle n'avait d'autre but que de dédouaner aussi bien le gouvernement que Total de leur responsabilité dans une situation où des millions de travailleurs sont rackettés chaque fois qu'ils achètent de l'essence ou du fioul.

Total baisse ses prix de 3centimes. Mais c'est surtout l'occasion pour lui de s'offrir une campagne de publicité à bon marché. Car cette baisse est très faible par rapport à ses super-profits réalisés grâce à la spéculation internationale sur le cours du pétrole, rien que ces derniers mois. Il s'agit en effet d'une baisse intervenue après une période de très forte hausse, qui fait que le pétrole et le fioul domestique continuent d'être vendus à des prix exorbitants. Les victimes de ces hausses ne sont pas les propriétaires de 4x4, Land Rover ou Jaguar et autres Mercedes. Ceux-là ont largement les moyens de se payer leur carburant sans que leur niveau de vie soit diminué. Ceux qui subissent de plein fouet les hausses, ce sont tous ceux qui ne peuvent faire autrement que prendre leur voiture pour se rendre quotidiennement à leur travail; ceux aussi qui se chauffent au fioul. Pour les travailleurs, les chômeurs, les retraités, pour toute la population laborieuse, ces augmentations signifient se restreindre sur le nécessaire. Il leur faudra moins se déplacer, moins se chauffer parce que les salaires n'augmentent pas, eux, tandis que les prix de ces produits élémentaires, indispensables, distribués par les compagnies pétrolières, sont de plus en plus chers. Et cela avec la complicité du gouvernement, qui n'évoque jamais la possibilité dont il dispose de diminuer les taxes payées sur les carburants, ni la possibilité de taxer les compagnies pétrolières.

Villepin, Breton se contentent de discourir tandis que les compagnies pétrolières pompent les revenus des usagers.

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