Allemagne : Entre Schröder et Merkel15/09/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/09/une1937.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Allemagne : Entre Schröder et Merkel

Dimanche 18 septembre, ont lieu les élections législatives en Allemagne, où s'affronteront principalement le SPD, le parti social-démocrate au pouvoir, dirigé par le chancelier actuel, Gerhard Schröder, et les prétendants au pouvoir, les conservateurs de la CDU, les chrétiens-démocrates, dont la chef de file est Angela Merkel.

Le programme d'Angela Merkel est une caricature de programme réactionnaire, antipauvres, entièrement dominé par les cadeaux aux plus puissants: elle annonce par exemple que, si elle arrive au pouvoir, l'impôt sur les hauts revenus sera diminué pour les tranches les plus élevées et que l'impôt sur les sociétés passera de 25% à 22%. Par contre, les impôts augmenteront fortement pour la majorité la moins fortunée de la population. De plus, la TVA passera de 16% à 18%.

Mais les promesses d'Angela Merkel ne s'arrêtent pas au programme fiscal, et les largesses promises aux patrons sont édifiantes: elle insiste sur la flexibilité du droit du travail, en facilitant... les licenciements dans les entreprises de moins de vingt salariés. Les salaires minimums pourront être détournés, puisque les chômeurs de longue durée devront accepter des emplois payés 10% en dessous du salaire de branche. Dans le même souci d'économiser l'argent patronal, Merkel promet une baisse importante des charges patronales, en transformant les cotisations proportionnelles au salaire en une contribution forfaitaire.

Et en face, qui y-a-t-il? Eh bien un Schröder, au pouvoir depuis 1998, qui a exécuté moralement et pratiquement toutes les "réformes" voulues par le grand patronat.

Pourtant, lorsqu'il est arrivé au pouvoir, en signant son "contrat de gouvernement" avec les Verts, Schröder avait promis le rétablissement des acquis sociaux précédemment perdus, le paiement intégral des congés maladie, de meilleurs remboursements en matière de santé, une législation plus protectrice en matière de licenciements, et surtout une diminution du chômage.

Sept ans après, son bilan ressemble à une photo en négatif de ses promesses. Dans le domaine de la santé, il a fait payer chèrement aux assurés la réforme du système de soins, modifié avec l'accord des chrétiens-démocrates. À partir de 2003, les assurés ont dû payer 40 euros supplémentaires par an, plus une participation de 5 à 10 euros pour chaque visite chez le médecin. Le remboursement des prothèses dentaires ou celui des transports vers l'hôpital et bien d'autres prestations ont été supprimés.

Contre les chômeurs, le gouvernement Schröder a mis en place le plan Hartz IV, du nom du directeur des ressources humaines de Volkswagen qui l'a préparé. Il a été mis en oeuvre au début de 2005, après avoir été voté par les sociaux-démocrates et les Verts, et par les chrétiens-démocrates. Ce plan fait basculer tous les chômeurs depuis plus d'un an d'un régime d'allocations-chômage vers l'aide sociale, amputant de manière dramatique les allocations versées. De nouvelles mesures, comme l'obligation pour un chômeur d'accepter n'importe quel travail ou les travaux d'intérêt général payés un euro de l'heure, ont été imposées.

Alors que peut donc contester Schröder dans le programme de Merkel, lui qui n'a fait que précéder, que préparer les mesures que la candidate chrétienne-démocrate préconise ? Toute la législature de Schröder a été marquée par des attaques continues contre les travailleurs, au nom de l'idée, reprise par Merkel, qu'il fallait diminuer le "coût du travail", qu'il fallait offrir plus de flexibilité au patronat, qu'il fallait l'aider pour "l'inciter" à embaucher. Et quand bon nombre de grandes entreprises, comme Siemens ou Audi, ont imposé l'allongement du temps de travail sans augmentation de salaire, c'était avec la bénédiction du gouvernement!

Le résultat de la période Schröder est catastrophique: le pouvoir d'achat n'a cessé de diminuer pour les salariés, la consommation des ménages ne cesse de reculer. Le chômage touche maintenant 5 millions de personnes, soit 12% de la population active.

Après un tel bilan, peut-être une partie des électeurs du SPD, en désespoir de cause, se tourneront-ils vers Merkel, d'autres vers l'abstention, d'autres encore vers le "Parti de gauche", même si une partie des dirigeants de celui-ci portent une responsabilité dans la politique passée de Schröder. Mais au-delà de ces élections, et quel que soit leur résultat, c'est à une riposte que la classe ouvrière d'Allemagne doit se préparer.

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