Téléphones portables : Entente sur le dos des consommateurs et des salariés01/09/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/09/une1935.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Téléphones portables : Entente sur le dos des consommateurs et des salariés

Un rapport du Conseil de la concurrence a été rendu public par la presse, après avoir dormi sur le bureau du ministre de l'Industrie. Il met en cause les trois opérateurs de téléphonie mobile en France: Orange, filiale de France Télécom, SFR, filiale de Vivendi Universal, et Bouygues Télécom.

Ceux-ci auraient, entre 1997 et 2003, tenu des réunions mensuelles au cours desquelles ils se seraient entendus pour se partager le marché et pour maintenir leurs prix au plus haut. Résultat: des parts de marché qui n'ont pas évolué pendant cette période, des profits mirifiques (55 à 88% de retour sur investissement en 2003, un remboursement des investissements initiaux en deux ans seulement) et des prix qui ont stagné, voire augmenté dans certains cas.

Orange aurait même oeuvré pour que son «concurrent» Bouygues Télécom conserve ses parts de marché. Le but de cette manoeuvre a priori surprenante était pour France Télécom de ne pas dépasser un certain seuil, au-delà duquel ses tarifs auraient été fixés par l'Autorité de régulation des télécommunications.

La privatisation des télécommunications nous avait été présentée à l'époque comme un espoir de baisse des prix. La réalité est évidemment tout autre: ce secteur en plein boom était -et est toujours- une source de profits assurés et un moyen de détériorer -au prétexte de la sacro-sainte concurrence- les conditions de travail des salariés du secteur.

Ce n'est pas le nombre d'opérateurs qui est en cause, ou un défaut de fonctionnement du marché: partout ailleurs en Europe, quel que soit le nombre d'opérateurs, les prix sont aussi élevés. Les 45 millions de clients ne sont là que pour payer chaque mois leur écot. Ces ententes pour plumer la volaille sont chose courante dans tous les secteurs de l'économie. Ce n'est pas un hasard si Thierry Breton, aujourd'hui chargé du dossier en tant que ministre de l'Industrie, fut à l'époque des faits successivement membre du conseil d'administration de Bouygues Télécom et PDG de France Télécom. Le Thierry Breton qui a su si bien servir les propriétaires de ces deux opérateurs continuera, n'en doutons pas, à exercer son zèle lorsque cette affaire sera jugée en novembre prochain. Les risques encourus sont de toute façon minimes, après ces années de vaches grasses: une amende de 10% du chiffre d'affaires en théorie, mais en pratique plutôt 1 à 2%, soit au maximum 100 millions d'euros. Ils auraient tort de se gêner.

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