Vaticannerie : Quand la pêche est permise10/08/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/08/une1932.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Vaticannerie : Quand la pêche est permise

Le Vatican vient d'annoncer qu'il allait multiplier les «indulgences» à l'occasion de la visite du pape du 21 au 28 août à Cologne, dans le cadre des «journées mondiales de la jeunesse».

Cette mesure, qui assurera nous dit-on une rémission partielle de leurs péchés aux jeunes qui se rendront à ce rassemblement rituel, en présence du nouveau pape, est sans nul doute destinée à attirer la jeune clientèle des pécheurs et autres pécheresses. Un peu comme si on offrait une pinte gratuite à ceux qui se rendent à la traditionnelle fête de la bière à Munich, en Bavière.

Les clients sont donc avertis: même s'ils ont péché, leur fautes seront effacées, à condition, précise le décret du Vatican, qu'ils aient participé aux «dévotions» liées aux diverses célébrations prévues durant la kermesse papale. Mais même ceux qui ne pourront s'y rendre bénéficieront d'indulgences, seulement partielles toutefois; à condition encore qu'ils y participent par la pensée au travers de «ferventes prières», miracle des télécommunications célestes.

L'offre est alléchante, puisque ces «indulgences» permettraient aux pécheurs, selon le dogme, de bénéficier après leur mort d'une remise de peine, en réduisant leur temps de pénitence au purgatoire.

Cette pratique n'est pas nouvelle. Au Moyen Âge, les papes et leurs subalternes en faisaient trafic, vendant des indulgences contre monnaie sonnante et trébuchante, ce qui permettait d'acheter sa place au paradis comme on achète une place de parking ou sa résidence secondaire. Cela permit à l'Église de l'époque de se payer des lieux de culte dernier cri. L'affaire fit même scandale, puisque ce fut, entre autres, sur cette question de vente des «indulgences», c'est-à-dire de places «clé en main» au paradis, que Luther protesta et rompit avec la papauté au XVIe siècle.

Aujourd'hui, cette papauté renoue avec la tradition. Et si elle ne fait plus commerce «d'indulgences», elle en fait un argument de vente pour attirer des jeunes, ce qui n'est guère mieux. Le cardinal qui a signé le décret annonçant cette mesure est doté du titre de «grand justicier» auprès du pape. Un nouveau Zorro en quelque sorte.

Notons simplement que, le jour même où les gazettes relataient ces péripéties de la vie dévote, elles nous informaient que la navette spatiale Discovery avait réussi son atterrissage sans encombre.

Nous vivons une époque moderne... dans laquelle il existe encore trop de toiles d'araignées.

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