Le PDG, le ministre et le coût du téléphone10/08/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/08/une1932.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le PDG, le ministre et le coût du téléphone

Une note de la direction générale du Trésor et de la politique économique, qui aurait dû rester confidentielle, vient d'apparaître dans la presse. Elle jette un jour fort instructif sur la façon dont des grands groupes, tel France Télécom, font les poches du public, avec la complicité du gouvernement.

Actuel ministre des Finances et ancien président de France Télécom, Thierry Breton se trouve doublement aux premières loges de cette affaire. Fin février, alors qu'il était appelé au ministère des Finances pour y remplacer un Hervé Gaymard «grillé» par le scandale de son appartement de fonction de 600m² aux frais du contribuable, Breton aurait beaucoup hésité avant d'accepter, selon les journaux, tant la place de président de France Télécom était enviable.

Il est vrai que sa rémunération y était sans doute à la mesure des énormes bénéfices - 3,4 milliards d'euros en un an, 2,4 milliards de plus que prévu - que ce monsieur permettait d'empocher aux actionnaires de l'opérateur téléphonique, désormais privatisé et promu au rang d'une des vedettes de la Bourse. Comment empocher ce pactole ? Voilà précisément ce que décrivait la note du ministère des Finances.

Début 2005, France Télécom avait obtenu le feu vert des autorités pour augmenter de 23% le tarif de ses abonnements, une hausse qu'aurait compensée une diminution de 26% du coût des communications. Du moins c'est ainsi que la direction de France Télécom présentait les choses, Breton prétendant: «Tout le monde s'y retrouvera. La facture va baisser dès 2005 (et) France Télécom rendra plus de un milliard d'euros à ses clients». Évidemment, on pouvait avoir des doutes.

Le ministère des Finances, lui, n'en avait aucun sur le résultat de ce tour de passe-passe puisque, dans sa fameuse note, il déclarait que France Télécom allait en retirer «inévitablement un avantage financier à court terme», un gain pris dans la poche des abonnés et évalué à 1,3 milliard d'euros sur trois ans.

Un tel tour de passe-passe, c'est sans doute une bonne référence pour un ministre des Finances!

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