Centre Hospitalier Esquirol Limoges : Après l’agression de deux infirmières, la direction minimise les faits10/08/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/08/une1932.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Centre Hospitalier Esquirol Limoges : Après l’agression de deux infirmières, la direction minimise les faits

La direction de l'hôpital Esquirol à Limoges a tenté d'étouffer au maximum l'affaire de l'agression des deux infirmières par un patient de l'UPJ (Unité de psychiatrie judiciaire) du pavillon Bergouignan (voir LO N°1931).

Alors que l'évasion du patient de la maison d'arrêt, hospitalisé dans cette unité, a eu lieu dans la nuit du 29 au 30juillet, le personnel n'a été vraiment informé que le mercredi 3 août, jour où les syndicats ont demandé à la direction de s'expliquer et de réunir un CHSCT. Les médias locaux ont donné l'information ce jour-là, à la suite d'un communiqué de la CGT (les deux autres syndicats ne souhaitaient pas que l'information sorte de l'hôpital, sauf si cela venait de la direction). Alors qu'il y avait encore un détenu dans le pavillon, l'équipe a dû continuer à effectuer la nuit en sous-effectif.

Dans les journaux et à la télé, le directeur a ensuite minimisé les faits, en parlant de «pression» exercée sur les infirmières, alors que l'une d'elles a eu une lame de couteau placée sur le cou pendant que l'autre était contrainte de vider les poches de leurs blouses. Il a aussi accusé la CGT, qui dénonçait le manque de personnel, de malhonnêteté, en prétendant que l'effectif cette nuit-là était de quatre et non de trois. Une patiente en hospitalisation sous contrainte, actuellement en soins au CHU, est assistée jour et nuit par un infirmier du pavillon. Pour lui, l'infirmière présente auprès d'elle, dans un autre hôpital, était bel et bien... le quatrième infirmier de Bergouignan! Finalement, en dernier recours, après avoir reconnu qu'il n'y avait que trois soignants, le secrétaire de l'ARH et la direction ont fini par produire un vieux compte-rendu du conseil d'administration qui aurait entériné l'effectif de trois...

Vendredi 5août, deux émissaires du ministre de la Santé sont venus à l'hôpital. Ils ont rencontré le personnel du pavillon et les représentants syndicaux. Ils ont «écouté» tout le monde, pris des notes. «On transmettra au ministre» ou bien «le plan santé mentale apportera des réponses». Parmi le personnel, même si certains pensent qu'ils «se sont un peu remués», personne n'attend grand-chose et ce qui prévaut c'est l'inquiétude pour l'avenir.

Une réunion des directeurs des Centres Hospitaliers Spécialisés (CHS) du pays avec le ministre de la Santé est prévue mardi 9 août. On doit discuter de l'opportunité de soigner les détenus souffrant de troubles psychiatriques dans des unités spéciales plutôt que dans les CHS. Mais, outre que c'est là une façon d'éluder les vrais problèmes, il y en a encore aucune de construite. Le manque de moyens, notamment humains, dans les hôpitaux est lourd de conséquences pour tous: patients et personnel. Et dans les hôpitaux psychiatriques cela peut aboutir à des drames sordides.

Partager