Privatisation des autoroutes : L’État au service des intérêts privés04/08/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/08/une1931.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Privatisation des autoroutes : L’État au service des intérêts privés

La gué-guerre que mène François Bayrou pour exister à droite a mis sous les feux de l'actualité, sans doute plus que nécessaire aux yeux du gouvernement, le projet de privatisation des trois sociétés d'autoroutes, Autoroutes du sud de la France (ASF), Autoroutes Paris-Rhin-Rhône (APRR) et Société des autoroutes du nord et de l'est de la France (Sanef). L'État contrôle la première à 50,3%, APPR à 70,2% et la Sanef à 75,7%.

L'État avait concédé pour un temps à toutes ces sociétés la construction des autoroutes, ou celle de nouveaux tronçons, ainsi que l'entretien des infrastructures, en échange de la perception des péages, dont lui même fixait le montant. Ce système avait permis à l'État de confier à des entreprises privées la construction d'une partie du réseau d'autoroutes et de la faire financer via les péages par les usagers eux-mêmes. Une bonne affaire pour ces sociétés donc. D'autant que, le système ayant connu quelques difficultés, l'État a créé en 1983 un établissement public, Autoroutes de France (ADF), pour pouvoir le soutenir avec des fonds publics.

Au total, 8000 des 11 000 km du pays sont concernés par cette privatisation. Les groupes Vinci (société de parkings) et Eiffage (grosse entreprise de travaux publics) se sont mis sur les rangs. Le Groupe Bouygues, un instant candidat, s'est retiré de la course. Une défection qui laisserait le champ libre à Abertis, une société espagnole, et à un groupe australien. Mais les choses peuvent encore changer d'ici au 22 août, date limite des offres.

La polémique a gagné l'UMP et a même réussi à sortir de sa léthargie le PS, pourtant peu pressé de donner son avis sur le sujet, sans doute parce que c'est Laurent Fabius, alors ministre des Finances du gouvernement Jospin, qui a engagé en 2001 le processus de privatisation des autoroutes.

Mais leurs critiques sont toutes de forme. À les entendre, Villepin n'aurait pas le droit de privatiser sans demander l'autorisation du Parlement. Il serait un mauvais gestionnaire puisqu'il escompte une dizaine de milliards d'euros de l'opération alors que, la construction du réseau étant pratiquement achevée et les emprunts remboursés, les ressources tirées des péages devraient rapidement constituer une rente sûre et très élevée, de l'ordre de 40 milliards d'ici à 2032, c'est ce qu'estime Bayrou.

Mais tous ces gens ne sont pas scandalisés, en revanche, par l'énorme ponction réalisée sur les usagers par les péages, cette pratique moyenâgeuse, ni par le fait que l'État mobilise ses ressources pour aider de mille manières les entreprises.

Toute cette affaire est assurément scandaleuse. Mais pas seulement parce que l'État brade des sociétés rentables, aussi parce qu'elle illustre à quel point il est au service des intérêts des grandes sociétés.

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