Bluff patriotard et coups bas contre les travailleurs04/08/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/08/une1931.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Tribune de la minorité

Bluff patriotard et coups bas contre les travailleurs

Avec l'affaire Danone, sur la foi d'une simple rumeur boursière d'OPA de Pepsi, Villepin, Chirac et bien d'autres politiciens de droite comme de gauche n'ont pas ménagé les grandes envolées nationalistes: la France devrait faire preuve de patriotisme économique, défendre ce qui est français... Bilan pour la pauvre «victime»: 27% de hausse de l'action Danone au «pire» moment de la «crise»! Au point d'être actuellement soupçonnée de manipulation des cours.

Quand le gouvernement «ne pouvait rien faire» pour les licenciés de Danone

En 2001 le même trust Danone avait annoncé la fermeture de plusieurs usines dans l'indifférence générale des dirigeants français. Le parti socialiste, alors au gouvernement, n'avait pas levé le petit doigt pour répondre aux sollicitations des licenciés. Mais aujourd'hui il s'agit de défendre les actionnaires, quand en 2001 il s'agissait de travailleurs... Danone a supprimé 7 400 emplois en quatre ans, soit 8% de ses effectifs internationaux. Et on voudrait nous faire croire que les intérêts des patrons coïncident avec ceux des salariés, d'ici et d'ailleurs!

Pendant ce temps, d'autres capitalistes français jouent les prédateurs à l'étranger: Carrefour en Turquie, EDF en Italie, Pernod Ricard en Grande-Bretagne, France Télécom en Espagne, etc.

Tous ces accès de cocorico ne recouvrent comme toujours qu'un patriotisme... de classe.

Le Contrat Nouvelle Embauche Villepin:

Le gouvernement met la période des vacances à profit pour permettre aux patrons de licencier avec encore plus de facilités. A coup d'ordonnances, Villepin s'arrange pour légiférer à toute vitesse pendant l'été et son Contrat Nouvelle Embauche (CNE) devrait entrer en vigueur dès le 1er septembre. Ce contrat autorise les employeurs des entreprises de moins de vingt salariés à garder les nouveaux embauchés deux ans à l'essai, période pendant laquelle ils pourront à tout moment les licencier. Une simple lettre recommandée suffira, sans avoir à donner de motif et sans contestation possible. Trois mois après la rupture du contrat, l'employeur pourrait même signer un autre contrat, avec le même salarié! En perspective, la précarité à vie pour tous, puisque le patronat réclame l'extension du CNE à toutes les entreprises.

Mesures anti-chômeurs

Un décret qui doit être publié au mois d'août prévoit la réduction progressive, voire la suspension des allocations chômage. Moins 20% pour le premier refus d'emploi «sans motif légitime», moins 50% pour un deuxième refus, puis la suppression pure et simple. De quoi multiplier les pressions sur les chômeurs pour les contraindre à accepter n'importe quel emploi, à n'importe quelles conditions. Les ANPE ont reçu l'ordre de multiplier les contrôles, pouvant déboucher sur la radiation de celui qui rate un rendez-vous. Cette méthode a d'ores et déjà montré son «efficacité» puisque au mois de juin les radiations liées notamment à des absences au contrôle ont augmenté de 44% par rapport au mois de mai. Conséquence: le gouvernement peut annoncer triomphalement que le chômage a baissé de 1,4% en juin!

Xénophobie et mesures policières

Répression et discours chauvin, on retrouve ces deux même ingrédients dans les mesures préconisées par Sarkozy et Villepin au nom de la lutte contre le terrorisme: garder des années la trace des appels téléphoniques et des communications Internet, multiplier les caméras de surveillance, mettre en place des cartes d'identité et des visas renfermant des données biométriques, systématiser les expulsions et encourager la xénophobie en laissant accroire que l'immigration représente un danger...

Tout cela, bien entendu, se prépare pendant les mois de vacances. Mais prenons des forces, pour faire en sorte que la rentrée soit très chaude pour le patronat et le gouvernement.

Éditorial des bulletins d'entreprise l'Étincelle de la Fraction de LO, du 1er août 2005

Partager