Routes nationales : L'Etat se défausse à nouveaude ses responsabilités28/07/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/07/une1930.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Routes nationales : L'Etat se défausse à nouveaude ses responsabilités

Le ministre des Transports, Dominique Perben, vient d'annoncer les modalités du transfert de la majorité des routes nationales, qui restaient entre les mains de l'État, aux départements. Ce nouveau transfert, prévu depuis les lois de décentralisation mises sur pied par Raffarin, a donné lieu pendant plusieurs mois à d'âpres tractations. Tout le problème était en effet de savoir si l'État était disposé à confier aux départements, en même temps que l'entretien de ces routes, les moyens financiers d'y faire face. Au bout du compte, il est prévu que 185millions d'euros par an leur seraient alloués, la moyenne des dépenses d'entretien des trois dernières années. Et les départements ont réussi à ne récupérer que 18000 km soit 1800 de moins que ce que l'État voulait leur transférer. Ils ont pour cela refusé certaines portions trop ruineuses. L'État, lui, conservera en définitive 11800 km de nationales, entre autres celles où les travaux à effectuer sont jugés trop importants.

À chaque vague de décentralisation, les ministres concernés prétendent que l'État compensera l'opération pour les finances locales "à l'euro près". Mais les élus locaux ont pu constater à chaque fois que les dépenses transférées n'étaient jamais compensées totalement. Il en sera de même pour les routes, comme pour le reste de ce qui est en cours de transfert.

Derrière l'idée très générale de "confier le pouvoir de décision à l'échelon le mieux placé pour l'exercer", affirmée par le ministre des Transports, il y a la volonté de faire supporter par les finances locales les dépenses de l'État, afin de pouvoir utiliser les fonds d'État aux aides au patronat. C'est bien pourquoi, quelle que soit leur couleur politique, ayant tous participé de près ou de loin au pouvoir et à la mise sur pied de cette politique, les présidents de conseils généraux sont bien placés pour savoir quelle sera la politique de l'État, qui sur ce domaine a bénéficié d'une continuité parfaite.

Les conséquences financières à venir de ce transfert sont d'autant plus préoccupantes que derrière le problème de l'entretien des routes s'en profile un autre, tout aussi inquiétant: celui du développement du réseau actuel, comme l'élargissement d'une route, ou l'ouverture de nouveaux axes. Jusqu'à maintenant ceux-ci étaient cofinancés par l'État, les régions et les départements. Mais à l'expiration des actuels contrats de plan État-régions, soit fin 2006, ce sera chacun chez soi. L'État ne s'occupera plus que de ses 11 800 km, tandis que les départements et les régions auront en charge les 18000 km de leur réseau.

Partager