Ils ne perdent rien pour attendre !28/07/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/07/une1930.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Ils ne perdent rien pour attendre !

Le gouvernement commence à rendre publics les projets de décrets par lesquels il se prépare à prendre de nouvelles mesures antiouvrières.

Celles-ci s'attaquent aux chômeurs. Le gouvernement a le culot de parler de lutte contre le chômage alors que le projet de décret n'est dirigé que contre les chômeurs ! Il multiplie et codifie les sanctions contre les chômeurs qui refuseraient un emploi même s'il s'agit d'un travail dont personne ne voudrait et à un salaire de misère. Et même s'ils devraient quitter leur ville et leur logement pour se loger à n'importe quel prix dans n'importe quelles conditions.

Supprimer l'allocation chômage des chômeurs accusés de ne pas rechercher de travail n'est pas une nouveauté. Mais pour le Medef, l'ANPE n'applique pas suffisamment cette sanction car elle est trop lourde. Pour la faciliter, il y aura une échelle: moins 20% de l'allocation après un premier refus d'emploi "sans motif légitime", 50% pour un deuxième, puis la suppression totale de l'allocation chômage. L'absence "d'actes positifs de recherche d'emploi" sera sanctionnée par une suppression provisoire, puis définitive. Mais qui jugera et est-ce que l'ANPE offre vraiment des emplois ?

Le patronat et ses laquais politiques brandissent un nombre d'emplois qui ne trouveraient pas preneurs, 200 ou 300000, paraît-il, dans l'hôtellerie ou le bâtiment. Si ces offres d'emplois ne sont pas satisfaites, c'est que les salaires sont dérisoires avec des conditions de travail inacceptables. Même des journaliers maghrébins qu'on a fait venir le temps d'une récolte de fruits ont dû récemment se mettre en grève pour obtenir des vêtements de travail et des protections contre les insecticides toxiques.

Mais, quand bien même toutes ces offres d'emplois trouveraient preneurs, elles ne représentent qu'une petite fraction des trois millions de chômeurs totaux et presque autant de précaires en chômage déguisé. Même en dépensant une fortune en timbres et en journaux pour lire des annonces, comment trouver un emploi qui n'existe pas ?

C'est une véritable campagne qui est menée contre ce que les ministres appellent "l'assistanat". Les chômeurs ne demandent pourtant pas l'assistance mais un travail normalement payé. Mais le gouvernement préfère crier haro sur les chômeurs qu'obliger le patronat à ne pas licencier, quitte à répartir le travail entre tous.

Cette campagne vise aussi tous les travailleurs qui sont tous des chômeurs en puissance. Faire pression sur les chômeurs pour qu'ils acceptent n'importe quel travail, à n'importe quelles conditions, c'est pousser vers le bas l'ensemble des salaires.

C'est le patronat, c'est l'économie capitaliste inhumaine, sinon stupide, qui sont responsables du chômage. Mais les porte-parole politiques du patronat cherchent à convaincre l'opinion publique que les travailleurs qui ont un emploi sont des privilégiés et que ceux qui n'en ont pas sont des assistés. Les travailleurs ne doivent pas être dupés par cette propagande pro-patronale.

Parmi les directions syndicales, il s'en est pourtant trouvé pour affirmer que ce projet de décret est moins pire que ce qu'elles craignaient. Et ces gens-là se posent pourtant en défenseurs du monde du travail !

Mais si le gouvernement n'exécute pas d'un seul coup les volontés du Medef, c'est qu'il connaît l'étendue du mécontentement du monde du travail. Et qu'il sait qu'il y a un risque d'explosion sociale. Cette prudence, toute politique, d'un gouvernement à la botte du patronat, comme tous les autres, montre la seule voie pour arrêter les coups portés aux travailleurs.

Ceux qui dirigent l'économie et l'État et qui les dirigent de façon si injuste, si inhumaine, si contraire aux intérêts de la population, ne reculeront que sous la menace d'une explosion sociale. Leur crainte est un espoir pour les travailleurs.

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