Usine Gomma-Rennes : Chantage à la délocalisation24/06/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/06/une1925.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Usine Gomma-Rennes : Chantage à la délocalisation

L'usine Gomma de la Barre Thomas, à Rennes, qui fabrique des pièces en caoutchouc et en plastique pour l'automobile, était la propriété de Citroën, puis de Peugeot jusqu'à l'année 2000, et PSA reste aujourd'hui son principal client. Elle compte environ 2250 travailleurs dont une centaine d'intérimaires, l'effectif ouvrier représentant près de 75% de l'ensemble du personnel.

Le climat y est empoisonné par le chantage à la délocalisation. Certains en arrivent à évoquer le bon temps où l'usine était liée à Citroën, qui en avait fait une usine modèle en matière d'autorité patronale, faisant la chasse aux syndicalistes et usant de toute son autorité pour que les salariés se syndiquent au syndicat "maison"!

Il y a cinq ans que PSA s'est débarrassé de l'usine en la vendant au groupe Gomma, propriété de la famille Cancarini. Par ce rachat, CF Gomma avait alors doublé l'effectif total du groupe (passant de 2500 à 5000 travailleurs) ainsi que sa production réalisée en France, en Pologne, en Allemagne, aux États-Unis.

Après ce rachat, la production de l'usine de Rennes n'a cessé de croître. En 2004, le tonnage de caoutchouc a été pratiquement multiplié par deux par rapport à ce qu'il était en 1995. Cela s'est fait sans progression de l'effectif.

Ces dernières années, la pression sur les syndicalistes est moins palpable qu'à l'époque Citroën, mais la direction use d'autres arguments pour imposer sa loi aux travailleurs. Avec le transfert de quelques machines vers la Pologne, elle maintient un climat d'incertitude quant à l'avenir de l'usine. Elle fait courir des bruits de rachat par des Fonds de pension et surtout exerce un chantage permanent sur des risques de délocalisation en Pologne, sans jamais en parler elle-même.

Le directeur déclarait, il y a quelques mois, que le coût du travail était trop cher en France, que les impôts locaux étaient trop lourds et que les 35 heures étaient insupportables. Il concluait que la seule façon de maintenir l'activité à Rennes était d'augmenter la productivité. Dans son discours menaçant, il envisageait une diminution des effectifs, qui pourraient passer de 2000 à 1500 dans les dix ans.

La diminution des effectifs se fait "naturellement" dans cette usine créée dans les années 1950, ne serait-ce que par les départs en retraite non remplacés. Pour atteindre ses objectifs, tirer le maximum de profit de l'usine, la direction recourt à l'intérim, licencie à la moindre occasion et augmente la productivité. Entre 2002 et 2004, 400 postes de travail ont disparu et la production est pourtant restée stable. Pour améliorer la productivité, les ouvriers doivent maintenant ne pas arrêter la production au changement d'équipe et ont vu les "quotas de production" augmenter sans qu'il y ait de modernisation sur les machines. Profitant du climat d'incertitude qu'elle a réussi à installer, la direction vient de supprimer l'Accac (prime dégressive de compensation que touchent ceux qui travaillent de nuit lorsque qu'ils repassent en jour).

On ne sait pas si le patron veut vraiment délocaliser, en tout cas les rumeurs qu'il fait courir lui profitent déjà largement. A nous de faire que la peur change de camp!

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