Tous ensemble, dès le 21 juin, disons NON à la nouvelle précarité15/06/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/06/une1924.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Tribune de la minorité

Tous ensemble, dès le 21 juin, disons NON à la nouvelle précarité

À peine installé, le nouveau tandem Villepin-Sarkozy pousse le bouchon contre les travailleurs.

Sous prétexte de lutte contre le chômage, de Villepin offre de nouvelles soldes d'été aux patrons. En vedette, la «suppression totale des charges patronales de sécurité sociale au niveau du SMIC à l'horizon 2007» et surtout le «contrat nouvelle embauche», avec période d'essai de 2 ans, qui fera de tout nouvel embauché un licenciable sur le champ. L'offre est en promotion pour les petites entreprises. Si nous laissons passer, ne doutons pas qu'elle sera vite généralisable à toutes, y compris aux plus grandes.

Ces mesures ne peuvent être plus efficaces que les ristournes fiscales, sociales, légales inventées par les gouvernements de gauche ou de droite précédents... puisqu'elles sont de la même veine. Leur but est de détériorer encore les conditions de travail et les salaires, et de diminuer le prétendu coût social du travail. Il y aura peut-être au mieux quelques chômeurs en moins mais certainement beaucoup de précaires en plus.

Autre angle d'attaque pour accroître la précarité de tous les salariés: la relance de l'offensive contre les immigrés. Accélération des reconduites aux frontières et contrôle renforcé des arrivées, selon des quotas professionnels. Sarkozy reprend les inepties de Le Pen sur le prétendu rapport entre le nombre d'immigrés et le nombre de chômeurs. Depuis 1975, le pays compte 7,5% d'immigrés. Cette proportion n'a pas bougé tandis que le nombre des chômeurs est passé de presque zéro à 4 millions. Ce n'est donc pas les immigrés qui en sont responsables.

Tout ce que cette répugnante démagogie peut faire c'est, en durcissant les conditions d'immigration légale, favoriser l'immigration clandestine, c'est-à-dire la mise à la disposition du patronat d'une main-d'oeuvre encore plus exploitable et sous-payée. Particulièrement dans le bâtiment, la restauration, le nettoyage ou l'agriculture. Encore une fois au profit de ces patrons dont Sarkozy cherche les voix pour 2007.

Face à toutes ces menaces que fait donc la soi-disant opposition de gauche? Rien.

De soi-disant socialistes osent discuter doctement, voire approuver, les «quotas» d'immigration, tel Julien Dray ancien responsable de SOS-Racisme, et actuel porte-parole du PS. Face à la «bombe» qu'est la proposition d'une embauche avec période d'essai de 2 ans, il y a quelque indignation polie, mais aucune proposition de riposte. Comme la droite, la gauche au sortir du référendum, ceux qui ont voté non comme ceux qui ont voté oui, Fabius comme Hollande, n'ont qu'une idée en tête: les prochaines élections.

Les états-majors PS ou PCF étaient réunis ces derniers jours. Pour proposer une date pour une action d'envergure contre les mesures anti-salariés? Vous n'y êtes pas! Il s'agissait de planifier fébrilement leurs futurs congrès, où ils choisiront leurs poulains pour les présidentielles de 2007, et les meilleures alliances pour conserver ou gagner des députés, et des ministres! Et la gauche de la gauche comme les autres. Le PCF qui se flattait de radicalisme dans la campagne pour le non a décidé ce week-end de lancer une pétition... pour obtenir du gouvernement qu'il renégocie à Bruxelles le traité constitutionnel! Plus important, semble-t-il, pour Buffet que la précarité et le chômage accrus qui nous menacent tous! Car de programme et de perspectives de riposte pour le monde du travail, nenni!

Face aux attaques du nouveau gouvernement, la seule proposition pour l'instant avancée est celle du dirigeant de la CGT Bernard Thibault, d'une journée nationale et interprofessionnelle de grèves et manifestations, le mardi 21 juin. Une proposition encore vague au moment où nous écrivons, mais dont il faut se saisir, car une telle journée nationale est bien le minimum qui s'impose.

Honte à François Chérèque de la CFDT, qui a déjà dit non! Ce serait prématuré, dit-il. Le rigolo!

Il faut au contraire un coup de semonce du monde du travail. Massif et immédiat. Si les directions syndicales le veulent, et si nous nous saisissons de l'occasion, le 21 juin peut marquer le coup. Mais il doit être le début marquant d'une vraie offensive.

Éditorial des bulletins d'entreprise «L'Étincelle» du lundi 13 juin 2005, édités par la Fraction.

Partager