Pouvoir d’achat : Toujours la chute15/06/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/06/une1924.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Pouvoir d’achat : Toujours la chute

Le pouvoir d'achat des salariés baisse. Pour les travailleurs, c'est une évidence depuis longtemps. Une récente enquête de l'Insee sur les «salaires en France» abonde pour une fois dans ce sens.

D'après cette étude, le pouvoir d'achat moyen dans le secteur privé n'a augmenté que de 0,2% en 2002, a baissé de 0,3% en 2003 et devrait croître de 0,4% en 2004. En comparaison, toujours d'après ces mêmes statistiques, ce salaire moyen avait progressé de 1,2% par an en moyenne entre 1998 et 2001, et ce malgré les gels ou les «modérations salariales» imposés par les patrons dans les accords de réduction du temps de travail.

L'Insee affirme qu'une des principales causes de cette situation est le poids de la hausse du chômage sur l'évolution des salaires en 2003 et 2004. Le nombre d'emplois, souvent non qualifiés, mal rémunérés n'a fait qu'augmenter ces dernières années. Ainsi, en 1985, 62% des embauches d'emploi non qualifié à temps complet étaient à bas salaire, contre 76% en 2001.

Mais les chiffres avancés par l'institut de statistiques sont bien loin de décrire la chute du niveau de vie vécue par des millions de salariés. Bien des travailleurs qui retrouvent un emploi après avoir été licenciés, souvent après des mois de chômage, touchent souvent alors des salaires très inférieurs à ceux qu'ils avaient auparavant. De plus en plus de travailleurs, et surtout de travailleuses, sont contraints d'accepter des emplois à temps partiel, ce qui les conduit à ne toucher que des salaires inférieurs au Smic. Sur ce dernier point, l'Insee reconnaît d'ailleurs qu' «au cours des années 1990, les emplois à temps partiel et peu qualifiés, donc faiblement rémunérés se sont développés en liaison avec les mesures d'allégement du coût du travail», manière polie de dire que les allègements de cotisations sociales sur les bas salaires offerts au patronat par tous les gouvernements successifs, ont encouragé celui-ci à cantonner les salaires dans ces seuils, ce qui a aggravé la situation des travailleurs.

Les travailleurs s'appauvrissent donc d'une manière catastrophique à tel point que, même avec un salaire, certains sont pauvres, c'est-à-dire vivent avec un revenu inférieur à 602 euros par mois, qui est considéré en France comme le «seuil» de pauvreté, et se retrouvent ainsi parfois sans domicile. Un SDF sur trois exerce une activité professionnelle, un quart d'entre eux bénéficie même d'un CDI, toujours selon l'Insee.

La responsabilité de cet appauvrissement revient entièrement aux patrons qui, ne pouvant accroître considérablement leurs profits en augmentant la production, le font en diminuant la part consacrée aux salaires, et ce depuis de longues années. Depuis 1980, la part des salaires dans la valeur ajoutée, a baissé de 68,3% à 57,6. Dans l'ensemble de la richesse produite, la part des salaires ne cesse de baisser, alors que celle des profits, elle, ne cesse de croître. Il serait plus que temps de renverser la vapeur.

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