Norbert Dentressangle - Corbeil 91 : Les robots sont aussi des êtres humains !15/06/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/06/une1924.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Norbert Dentressangle - Corbeil 91 : Les robots sont aussi des êtres humains !

Norbert Dentressangle est une des plus grandes entreprises de transport du pays. Elle s'occupe, entre autres, du transport et de la gestion des stocks de grands magasins: Carrefour, Auchan, Cora...

Au dépôt Norbert Dentressangle de Corbeil-Essonnes, qui gère Carrefour Île-de-France Sud et où travaillent 285 salariés (et plusieurs dizaines d'intérimaires), les conditions de travail se sont considérablement dégradées depuis bientôt deux ans, date de l'arrivée du nouveau directeur qui a introduit le «rail dynamique», c'est-à-dire un stockage automatisé des colis.

Le transporteur utilisé dans ce système est le plus souvent trop haut ou trop bas pour permettre de saisir les colis dans des conditions acceptables. Et lorsqu'il s'agit de colis de six bouteilles ou de cartons de dix à quinze kilos de féculents, le poids provoque inéluctablement des problèmes de dos importants, sans compter que, parfois, la position est telle que le colis menace de tomber sur les salariés et que, pour le retenir, un effort musculaire violent peut être nécessaire. Les services de la Caisse régionale d'assurance maladie ont fait demander la modification ou, à défaut, l'arrêt de ce type de transporteur. La direction a répondu en substance que, si elle y était obligée, elle mettrait la clef sous la porte.

Dans le même temps, le directeur a fait passer la cadence de 130 colis par heure à 160 pour les préparateurs de commandes. Des intérimaires ont été embauchés, qui tiennent la cadence sur des périodes très courtes, avant de s'en aller. Beaucoup d'anciens n'y parvenant pas, les pressions et les menaces tombent. La situation est telle que les médecins prescrivent de plus en plus d'arrêts de travail pour des problèmes de dos. Indicateur d'ambiance: le médecin du travail de l'entreprise a été remercié!

Quand la direction juge les circonstances faborables, elle licencie ceux qui ont des arrêts de travail. Il y a déjà eu une quinzaine de licenciements de ce type depuis l'arrivée de la nouvelle direction, qui affiche clairement son objectif de licencier encore quatre préparateurs.

Mais le plus dur pour les préparateurs, c'est le mode de travail. À leur arrivée, ils doivent prendre un baladeur relié à un ordinateur. Après s'être identifiés au micro, ils reçoivent par écouteurs des ordres pour aller chercher les colis, un à un, de travée en travée, de manière à monter leur palette. Au fur et à mesure des ordres, ils doivent confirmer qu'ils ne se sont pas trompés en donnant le numéro de la travée, le numéro du colis, etc. Les préparateurs ne sont plus libres de choisir leur trajet dans le dépôt ni l'ordre des colis. À la fin de la journée, avec ce «machin» sur les oreilles, tout le monde a l'impression d'avoir été transformé en véritable robot!

La direction aimerait que tous les salariés soient taillables et corvéables à merci. Mais si certains craignent le chantage, d'autres relèvent la tête, comme cela a été le cas dernièrement lors de la remise en cause d'une prime. Suite à la suppression de la prime dite de «palette rangée», un rassemblement des caristes a contraint la direction à faire machine arrière et à rétablir la prime. Les plus anciens se souviennent qu'il y a quelques années, la grève avait bloqué le dépôt pendant plusieurs jours. À trop tirer sur la corde, la direction pourrait indiquer à plus d'un le chemin de la mobilisation.

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