Etats-Unis : L’autocritique est à la mode... pour mieux recommencer15/06/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/06/une1924.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Etats-Unis : L’autocritique est à la mode... pour mieux recommencer

Le 13 juin également, coïncidence de date, le Sénat américain s'est officiellement «excusé» pour n'avoir pas interdit explicitement les lynchages qui, entre 1881 et 1964, auraient tué quelque 4750 personnes, des Noirs pour les trois quarts.

Une sénatrice a ajouté que si on était remonté dans le calcul au-delà de 1881, il y aurait eu environ 10000 victimes.

En effet, entre 1920 et 1940, la Chambre des représentants (l'équivalent des députés ici) avait adopté à trois reprises un texte antilynchage, mais à chaque fois le Sénat, jouant à plein son rôle conservateur, s'y était opposé.

Mais si on y regarde de plus près, la question du lynchage telle qu'elle a été menée par les parlementaires américains constitue en elle-même une belle illustration d'inertie, dont sont capables les politiciens pour que rien ne change. Durant les cinquante premières années du siècle, il n'y a pas eu moins de 200 propositions de loi dans ce sens et sept présidents avaient demandé, dans le même temps, au Congrès d'en finir avec cette pratique. Sans aucun résultat.

Tout commença à bouger seulement quand les Noirs américains entrèrent en lutte pour défendre leurs droits.

La «repentance» est partout à la mode. À Paris, pour les crimes de Vichy, au Vatican pour ceux de l'Église ou aux États-Unis, pour le sort fait aux Noirs. Elle permet en s'excusant pour les crimes du passé de continuer de commettre des crimes au présent... en Irak ou aux États-Unis. Le militant noir Mumia Abu-Jamal continue de croupir en prison depuis vingt-cinq ans pour un crime qu'il n'a pas commis et pour lequel toutes les tentatives de révision, en présentant de nouvelles preuves de son innocence, n'ont amené à ce jour aucun changement à sa situation.

Partager