La Redoute-Roubaix - Wattrelos (Nord) : - Toujours plus de productivité pour des salaires insuffisants28/04/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/04/une1917.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

La Redoute-Roubaix - Wattrelos (Nord) : - Toujours plus de productivité pour des salaires insuffisants

La Redoute fait partie du groupe Pinault-Printemps-Redoute (PPR) dont les résultats ont explosé en 2004, avec une hausse de 45,9%. Le bénéfice net annoncé est de 940 millions d'euros. C'est François-Henri Pinault qui vient de reprendre directement les rênes de l'empire constitué par son père, François, le grand ami de Chirac... et de Jean-Paul Huchon, président socialiste de la région Ile-de-France.

On a appris récemment par les médias que François Pinault, qui s'intéresse à l'art moderne, venait de racheter un palais à Venise pour la somme de 29 millions d'euros. C'est l'équivalent de tous les salaires d'une année des 2000 employés de la Martinoire, l'usine où on prépare et expédie les colis.

Depuis 1999, l'effectif d'embauchés en CDI à La Redoute a beaucoup diminué, passant de 4 651 en 1999 à 4 093 en 2004, soit 558 emplois perdus en cinq ans. La Redoute avait signé un des premiers accords 35 heures, dits "offensifs", c'est-à-dire avec des embauches obligatoires pour justifier les aides de la loi Aubry. La Redoute a touché les aides, a bloqué les salaires, a imposé une flexibilité maximum (travail en équipe sur 4 jours, sur 5 jours, horaires qui se modifient au dernier moment...). Et elle a finalement licencié plus de salariés que ceux qu'elle avait embauchés à l'époque!

Mais pour préserver son image de marque, elle a licencié en recourant à divers stratagèmes, en particulier les départs négociés. Elle a restructuré ainsi par exemple l'activité téléphonique, en supprimant des postes. À des salariés âgés, fatigués, elle propose de partir avec des sommes très basses, que beaucoup acceptent car ils ne tiennent plus sur les postes. C'est la méthode la plus employée pour licencier. Et puis, il y a des licenciements pour faute grave, le plus souvent inventée. Ainsi, dans les années 1990, les licenciements individuels tournaient autour de la soixantaine. Depuis les années 2000, on est passé à plus de 200 en moyenne.

En revanche, la Redoute recourt massivement aux intérimaires. Entre 1999 et 2004, le nombre d'intérimaires qui travaillent en moyenne tous les jours à La Redoute est, lui, passé d'environ 600 à environ 900 à temps plein. Et c'est dans les secteurs de production que le nombre d'intérimaires est le plus important, là où le travail est le plus dur. Ainsi, au Ramassage, la direction a reconnu elle-même qu'il y avait 170 intérimaires en permanence toute l'année.

C'est une main-d'oeuvre qui est là pour travailler toujours à plein régime et qu'on renvoie chez elle dès que le nombre de commandes chute. Les chefs les font venir avant la prise officielle de poste et partir en retard en les prévenant au dernier moment.

Au bâtiment L, secteur de l'Expédition, les chefs font venir des intérimaires pour 4 heures, alors qu'il y aurait bien besoin d'eux pendant 8 heures pour être toujours deux pour charger les camions, comme c'était le cas il y a quelques années.

La direction se félicite du chiffre d'affaires record de l'année 2004 et des bénéfices records. Les dix plus hauts salaires de l'entreprise se sont partagé 1 878 000 euros en 2004, c'est-à-dire 15 650 euros par mois en moyenne, en s'octroyant une augmentation de 7,5% par rapport à 2003.

Mais pour nous les agents opérationnels, la direction a royalement accordé 1,4% en deux fois, avec 10 euros brut pour les plus bas salaires, qui sont autour de 900 euros net. Pendant ce temps, rien que notre mutuelle a augmenté de 5,5%. Alors on en a vraiment assez de nos salaires de misère et on se dit qu'il faudra bien s'y mettre tous ensemble pour demander des comptes!

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