Irak : Les tortionnaires américains se disculpent eux-mêmes28/04/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/04/une1917.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Irak : Les tortionnaires américains se disculpent eux-mêmes

Des associations américaines de défense des droits de l'homme, dont Human Rights Watch (HRW) protestent contre les conclusions de l'enquête interne du Pentagone (le ministère américain de la Défense) portant sur les tortures infligées à des prisonniers irakiens par des soldats américains dans la prison d'Abou Ghraib, il y a un an. En effet, quatre officiers supérieurs américains, dont le général Ricardo Sanchez qui commandait à l'époque du scandale les forces militaires américaines en Irak, ont été mis hors de cause.

Reed Brody, le conseiller juridique de l'association Human Rights Watch, qui a publié samedi 23 avril un rapport intitulé "S'en sortir après la torture?", a déclaré: "L'Armée américaine est incapable de mener une investigation sur elle-même. Si les États-Unis veulent effacer la tache d'Abou Ghraib, ils doivent s'intéresser à ceux qui ont ordonné les mauvais traitements." Que le Pentagone se disculpe suite à une enquête menée par lui-même n'a rien de très étonnant. Le scandale, suscité il y a plus d'un an par la publication de photos de prisonniers irakiens torturés, avait contraint le pouvoir américain à condamner publiquement ces pratiques barbares. Depuis, liées à 350 cas de tortures répertoriées en Irak et en Afghanistan, des procédures administratives et pénales ont été lancées contre 125 militaires essentiellement de "simples" soldats. Concernant Abou Ghraib, six personnes ont été condamnées par une cour martiale à des peines allant de six mois à dix ans de prison. Mais, comme le souligne Anthony Romero, le directeur de l'American Civil Liberties Union (Syndicat américain des libertés civiles): "Le gouvernement ne peut pas ignorer le caractère systématique des tortures qui implique la chaîne de commandement militaire jusqu'au sommet."

En effet ce sont bien les dirigeants de l'armée et les dirigeants politiques qui ont pris consciemment la responsabilité des violences, des crimes de toutes sortes, des massacres de populations civiles qu'entraînent la guerre et l'occupation militaire. La pratique de la torture est la conséquence directe de ce type de guerre coloniale menée en fait contre tout un peuple, et cette barbarie n'est pas spécifique à l'armée américaine. Durant la guerre d'Algérie, l'armée française a pratiqué également la torture, et a amnistié, dès 1962, les généraux de l'armée française pour tout ce qu'ils avaient pu commettre auparavant, pour tous les "faits commis dans le cadre des opérations de maintien de l'ordre dirigées contre l'insurrection algérienne".

En exonérant les responsables, l'armée et les autorités américaines se situent dans une longue tradition. Les Donald Rumsfeld, Bush et autres hauts responsables de l'État américain ne risquent guère d'être inquiétés.

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