Après une augmentation de 5,2% des tarifs du gaz le 15 novembre dernier, il est question d'une nouvelle hausse substantielle en juillet prochain. Comme à chaque fois, GDF invoque "les coûts d'approvisionnement, indexés sur les prix du pétrole".

L'argument ne tient pas. La production de Total dans le monde entier est l'équivalent de la consommation française, et le groupe affiche des profits records. Preuve que la revente de gaz est largement profitable. Quant à GDF, son bénéfice a dépassé le milliard d'euros en 2004, et le dividende versé a progressé de 30%. Pour l'instant, ce dividende va entièrement à l'État, puisqu'il est l'unique actionnaire de GDF, dont il détient la totalité du capital. Mais, bientôt, des capitalistes privés pourront en bénéficier, puisqu'une vente de 25 à 30% du capital de GDF est annoncée. Le coup d'envoi de cette privatisation a été donné le 4avril, avec des chiffres susceptibles d'allécher les actionnaires: GDF vise, pour 2005, un bénéfice en hausse de 50% et une augmentation de l'ordre de 40% du dividende, qui devrait être suivie d'un doublement par rapport à 2005 d'ici à 2007 ou 2008. Du bluff? Peut-être. Mais il y a tout de même une part de réalité dans ces fanfaronnades: l'aggravation des conditions de travail des employés de Gaz de France et l'annonce de la nouvelle hausse des tarifs.

Pour ne pas augmenter les votes en faveur du non, le gouvernement a choisi de reporter la date de la privatisation après le référendum. Mais le paquet cadeau à destination des actionnaires est ficelé. Si GDF annonce dès maintenant une hausse des tarifs pour cet été, c'est pour rendre plus alléchante encore l'entrée des capitaux privés dans GDF.