Arsenal de Lorient (Morbihan) : - Quatre mois après l'ouverture du capital de DCN28/04/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/04/une1917.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Arsenal de Lorient (Morbihan) : - Quatre mois après l'ouverture du capital de DCN

DCN (Direction des Constructions Navales), 12000 salariés en France, vient d'annoncer un bénéfice de 150 millions d'euros. Deux ans après son changement de statut d'entreprise d'État à celui de société anonyme, changement préparé par la gauche et réalisé par la droite, le nouveau PDG est fier de claironner que DCN est nE 1 européen de la construction navale militaire. Malgré les manifestations et grèves dans les arsenaux, Michèle Alliot-Marie a décrété l'ouverture du capital... la veille de Noël 2004.

Les cadeaux, c'est bien aux futurs actionnaires qu'elle les destine. Pour attirer ceux-ci, la direction fait miroiter d'avantageux contrats, en particulier la signature d'ici à la fin de l'année d'une commande de plusieurs frégates multimission.

Mais, pour dégager plus de bénéfices, DCN a supprimé des postes, précarisé les emplois, intensifié le travail. À l'arsenal de Lorient, par exemple, le nombre d'emplois a été divisé par deux en dix ans, le site passant de 4000 à 2000 salariés. Le peu d'embauches effectuées se fait avec des salaires plus bas, en CDD ou avec des contrats relevant de la convention de la métallurgie, ce qui signifie un salaire inférieur à celui des travailleurs de l'État qui, eux, disparaissent petit à petit.

Un millier de salariés de la sous-traitance répartis dans plusieurs dizaines d'entreprises travaillent également pour DCN, mais leur nombre varie selon les besoins.

Les restructurations internes permanentes, la mobilité qui s'accentue, le travail en horaires dits "atypiques" (en décalé) qui se généralise, les pressions pour "tenir les délais", ont aggravé les conditions de travail.

Sur la frégate Delta destinée à Singapour, qui doit être livrée en mai, les accidents de travail se sont multipliés, les pompiers intervenant pratiquement une fois par jour. Le mois dernier, deux intérimaires ont bien failli y perdre la vie. Et sur la frégate Horizon, en cours de construction, la situation ne s'améliore pas.

Aussi l'annonce de ces millions d'euros de profits n'a pas manqué de faire discuter car, nous le savons bien pour le vivre quotidiennement, c'est sur notre dos que s'est faite cette cagnotte.

Ce bénéfice est distribué, une moitié versée à l'actionnaire qui pour l'instant se limite à l'État, le reste allant en primes, d'abord aux cadres dirigeants (30000 à 60000 euros selon l'Unsa) en descendant à 200 euros pour le simple salarié de DCN et... rien pour les travailleurs de la sous-traitance. Voilà qui en a choqué plus d'un.

Les salariés de diverses entreprises sous-traitantes se sont mis en grève pour leurs salaires. Ainsi, le mois dernier, les travailleurs de la Solorpec bloquaient une demi-journée la coupée d'accès à la frégate Delta et allaient dire directement à leur patron ce qu'ils pensaient de leur pouvoir d'achat. Celui-ci, devant leur détermination, dut lâcher 3% d'augmentation tout de suite. Dernièrement, ce sont les métallurgistes d'Amec-Spie qui ont fait grève et qui, dans la matinée même, ont obtenu que leur prime de panier passe de 5,80 euros à 7 euros et la prime de "décalée" de 9 euros à 9,50 euros.

À force de pressions sur tous les personnels et de vantardises, la direction de DCN pourrait bien se retrouver avec des salariés en colère, et devoir baisser d'un ton. C'est tout ce que l'on peut souhaiter.

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