Moulinex : Les faillites, ça rapporte aussi15/04/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/04/une1915.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Moulinex : Les faillites, ça rapporte aussi

Le dépôt de bilan de Moulinex s'était traduit, en septembre 2001, par 3600 licenciements. Aujourd'hui, un tiers des licenciés seulement a retrouvé un travail fixe et les autres sont au chômage ou bénéficient -si on peut dire- de formations ou de contrats à durée limitée.

Pour 1000 licenciés, il y aurait la possibilité de rentrer dans le "dispositif amiante" et de toucher 65% de leur salaire brut, qui était souvent chez Moulinex de 1000 euros... Deux anciens salariés encore au chômage, qui se souviennent des "restructurations qui ne laissaient pas deviner une telle débâcle" ont rappelé au journal 20 minutes tous ceux qui n'ont pas tenu et se sont suicidés et ont dénoncé dans les responsables, dirigeants de Moulinex, "des voyous qui ne devraient plus être en activité".

Ce qu'ont vécu les "Moulinex", des milliers d'autres travailleurs le vivent, comme ceux de l'usine Bata en Moselle. Sur les 526 personnes licenciées en décembre 2001, 102 seulement ont retrouvé un emploi stable. Un repreneur avait embauché 270 salariés pour continuer la production de chaussures mais, deux ans et demi après, 172 étaient licenciés. Seules vingt personnes ont retrouvé un emploi aujourd'hui.

Les patrons responsables de ces drames humains, eux, se portent bien, comme la famille Bata, propriétaire multimilliardaire de la firme du même nom, ou tous les patrons repreneurs de Moulinex, qui de rachat en restructuration en ont bien profité, utilisant largement au passage les subventions publiques distribuées par le gouvernement Jospin, qui se faisait fort de créer autant d'emplois qu'il y avait de licenciements.

Aujourd'hui la justice se penche sur les malversations qui ont entouré la faillite de Moulinex. Actuellement neuf dirigeants ont été mis en examen, dont six de Moulinex, parmi lesquels les deux derniers PDG, et un de Brandt (qui avait fusionné en 2000 avec Moulinex). Ils sont accusés de "banqueroute par détournements d'actifs" et risquent de retrouver sur les bancs des tribunaux les banquiers qui ont joué un rôle dans la faillite. Les créanciers de Moulinex étaient regroupés dans un pool bancaire dirigé par le Crédit Lyonnais, avec à ses côtés d'autres poids lourds du secteur bancaire, dont la BNP et le CIC. Ces banques auraient exigé de Moulinex des garanties exorbitantes et surfacturé leurs services. En se payant ainsi sur l'entreprise, avant même son dépôt de bilan, elles auraient largement contribué à sa faillite. La justice a engagé une procédure visant à leur faire payer les dettes de Moulinex, soit près de 750 millions d'euros.

De Moulinex à Bata, on voit comment les patrons et les banquiers font des profits sur des entreprises en difficultés, après avoir fait fortune sur leur activité quand elle était florissante. Leur soif de profits laisse sur le carreau des milliers d'hommes et de femmes sans emploi ou devant se contenter d'indemnités de chômage qui diminuent comme peau de chagrin. Ce sont bien sûr des charognards... mais ce sont aussi tout simplement des capitalistes.

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