Monaco : Les soutiers de la principauté15/04/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/04/une1915.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Monaco : Les soutiers de la principauté

Monaco c'est bien sûr un paradis pour PDG et autres milliardaires, mais c'est aussi une ville où des dizaines de milliers de travailleurs viennent tous les jours des villes environnantes. Ces dernières années, des centaines de milliers de mètres carrés industriels ont été édifiés dans des tours ultramodernes du quartier de Fontvieille. Là, s'entassent des milliers d'ouvriers et d'employés dans de petites usines de matières plastiques, sous-traitantes de l'automobile, ou dans des entreprises de produits chimiques, pharmaceutiques, d'électronique ou de mécanique de précision. Et il y a aussi tous ceux qui travaillent dans les hôtels de luxe, les casinos et les établissements bancaires.

Si vous venez travailler à Monaco en scooter ou bien avec une voiture point trop luxueuse vous avez de fortes chances de vous faire contrôler par la police monégasque: "Où est-ce que vous travaillez, quel est votre patron?" Si la réponse ne paraît pas satisfaisante au policier, il va vous retenir le temps d'un contrôle d'identité approfondi. À Monaco, chaque salarié doit être en mesure de présenter son permis de travail monégasque qui comporte la mention: "est autorisé à travailler en qualité de..." et un numéro d'immatriculation fourni par le service de l'emploi de Monaco, servant aussi d'immatriculation auprès de la Sécurité sociale monégasque. C'est le seul document prouvant que l'on est embauché car, à Monaco, il n'y a pas de contrat de travail! C'est aussi sur ce permis que figure la durée prévue de l'embauche. À chaque nouvelle embauche ou renouvellement, il faut refaire ce permis et y apposer un timbre à 5 euros, payé à parts égales par le salarié et l'employeur (merci patron).

On peut être employé indéfiniment en intérim ou en CDD, ne jamais avoir de prime d'ancienneté, ni pouvoir prendre de vacances de peur de perdre sa place. On peut également être licencié d'un CDI et réembauché pour une durée déterminée dans la même société au même poste, avec une simple interruption de quinze jours entre les deux contrats. Du coup l'employeur a toutes les facilités pour baisser les salaires ou modifier les horaires.

Le salaire minimum monégasque est le smic français calculé sur 169 heures, durée mensuelle légale du travail à Monaco, auquel s'ajoute la "prime du prince" c'est-à-dire 5% calculés sur le salaire net, versés pour les plus bas salaires (7,15euros de l'heure) et exempts d'impôts. Il n'est pas rare de voir les patrons attribuer un salaire à peine supérieur au minimum pour ne pas verser cette fameuse prime.

Il est vrai qu'il est un peu plus facile de trouver du travail à Monaco, mais il ne faut pas songer y habiter, vu les prix de l'immobilier. Un studio de 20 m² avec "vue sur cour" se loue 750 euros plus les charges; un studio de 30 m² est proposé à 930 euros. Pour pouvoir être inscrit à la "Main-d'oeuvre" monégasque, il faut habiter dans les communes avoisinantes: La Turbie, Roquebrune-Cap-Martin, Cap-d'Ail et Beausoleil, ou alors y être domicilié. Et là il ne faudrait pas croire que les loyers soient bon marché, il n'y a pas de studio à moins de 600 euros mensuels.

Le syndicat des travailleurs monégasques avait prévu une manifestation pour le 5 avril, reportée à une date ultérieure en raison du décès de Rainier. Les revendications portent sur l'interdiction de licencier sans motif, la publication des grilles de salaires, l'utilisation à titre exceptionnel de l'intérim et des contrats à durée déterminée et la transparence des comptes des entreprises!

Des revendications qui prouvent en tout cas que si Monaco est bien un paradis pour les patrons, c'est un régime d'exception pour les 30000 salariés qui y travaillent.

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