Lycée Jean-Pierre-Timbaud – Aubervilliers (93) : Sans papiers dès le lycée06/04/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/04/une1914.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

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Lycée Jean-Pierre-Timbaud – Aubervilliers (93) : Sans papiers dès le lycée

Dès les premières semaines de la rentrée, l'assistante sociale du lycée Jean-Pierre-Timbaud à Aubervilliers avait alerté les enseignants sur le nombre élevé d'élèves sans papiers: environ une trentaine étaient recensés, sur un effectif de 500 élèves, et d'autres restent sans doute dans l'ombre.

Ce phénomène n'est pas nouveau. Chaque année, des élèves demandent une aide auprès d'un de leurs enseignants avec qui ils se sentent en confiance. C'est souvent un peu tard. Ils n'osent le révéler que lorsqu'ils reçoivent à leur majorité un avis d'expulsion. Ils ont peur ou honte de leur situation. Ces élèves sont généralement sous une tension telle que leur scolarité en est perturbée. D'autres, au contraire, se raccrochent d'autant plus à leurs études, un des rares points stables de leur vie.

À cette occasion, il arrive que leurs enseignants découvrent des conditions de vie difficiles qu'ils étaient loin d'imaginer: des jeunes qui évitent de sortir de chez eux de crainte des contrôles de police, qui ne peuvent pas non plus travailler en plus du lycée, alors qu'ils sont dans des situations financières délicates. Quelques-uns sont arrivés seuls en France et logent à l'hôtel ou dans des foyers. Ainsi, ces adolescents ne peuvent mener la vie de tout jeune de leur âge et se retrouvent pénalisés à plus d'un titre.

Depuis la loi Sarkozy de novembre 2003, qui a rendu leur régularisation plus difficile, le nombre de jeunes «sans-papiers» a augmenté. Des enseignants tiennent à réagir face à ces injustices et soutiennent ces élèves. Ils les accompagnent à la préfecture ou auprès d'organisations de soutien, rédigent des courriers, font circuler des pétitions, interpellent les élus.

Depuis juin dernier, dans l'académie de Créteil, des enseignants de différents lycées se sont regroupés pour organiser des actions communes, telles que des réunions d'information ou des rassemblements auprès de la préfecture de Bobigny.

Face au nombre et à la détermination des manifestants, des audiences ont été obtenues pour défendre le cas de plusieurs élèves. Certains ont pu obtenir des titres de séjour étudiant, à défaut de titre de séjour de cinq ou dix ans. C'est déjà un premier pas, mais ces jeunes ne pourront prétendre chercher un emploi à la fin de leurs études, à moins qu'un employeur ne s'engage par écrit à les embaucher.

On remarque également un durcissement de la part de la Préfecture. Elle renvoie désormais ces problèmes à un service nouvellement créé à l'Inspection académique, qui assure dorénavant la liaison entre elle et les établissements scolaires. Depuis quelque temps, ils réclament les bulletins scolaires... À croire qu'un titre de séjour dépend du niveau scolaire de l'élève. De plus, les réponses tardent à venir, les différents services se renvoyant la balle.

Cela n'entame en rien la détermination des enseignants, décidés à ne pas laisser passer ces situations inacceptables.

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