L’ANPE est démunie, des sociétés privées en profitent06/04/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/04/une1914.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

L’ANPE est démunie, des sociétés privées en profitent

Comme pour les autres services publics, le gouvernement cherche à réduire le personnel de l'ANPE. À sa place, des sociétés privées sont chargées d'aider les chômeurs dans leur recherche d'emploi.

C'est ainsi qu'en vous adressant à l'ANPE, vous pouvez vous voir conseiller de suivre une OPI: Opération Professionnelle Individuelle. Le titre est ronflant, et on vous expliquera qu'il s'agit de vous aider à établir un projet professionnel, en vous faisant miroiter que la plupart des candidats trouvent un travail à la fin.

C'est donc un organisme privé qui reçoit les demandeurs d'emploi en rendez-vous individuels, une fois par semaine pendant trois mois. L'organisme perçoit environ 600 euros pour la prestation.

Le demandeur d'emploi passe de nombreux tests psychologiques du genre: «Quel parent, quel adulte et quel enfant êtes-vous?» (et ceci même s'il s'agit d'un chômeur d'une vingtaine d'années, pas encore «parent»). Un autre questionnaire demande si vous voulez un emploi bien ou mal payé, si vous aimez le confort... Après ces longues investigations, les conseillers de l'OPI sont capables d'aider le demandeur d'emploi à établir son profil, ses points forts et ses points faibles. Par exemple, à une diplômée en philosophie, une conseillère explique -belle découverte- qu'elle est plus littéraire que technique!

Tout cela pourrait n'être qu'une perte de temps pour les demandeurs d'emploi, et d'argent pour l'ANPE qui paye ces organismes privés. Mais les conseillers de l'OPI sont avant tout là pour faire pression sur les chômeurs, pour les culpabiliser, pour leur reprocher de ne pas assez s'impliquer dans la démarche, leur dire que, s'ils ne trouvent pas de travail, c'est de leur faute. Au bout, il y a la menace de perdre les allocations. Quand le gouvernement promet de réduire le chômage, il veut sans doute réduire le nombre de chômeurs dans les statistiques, pas aider les chômeurs à obtenir un emploi!

Pour guérir le chômeur de ce que l'administration semble considérer comme une maladie, il est demandé aux conseillers ANPE d'établir un «diagnostic». Puis une société privée édicte des «prescriptions». L'ANPE ou une société privée formule un projet ou des pistes de recherche. Celui qui rencontre le chômeur pour dresser le diagnostic de sa maladie peut d'ailleurs être lui-même employé en CDD, et fort peu payé.

Les agents de l'ANPE n'ont plus à leur disposition les stages de remise à niveau, d'apprentissage de la langue ou autres. Du coup, ils n'ont plus rien d'autre à proposer pour aider les chômeurs que ces structures privées.

Si le chômeur est jugé «pas sérieux», ils doivent le radier et ils ont des «obligations de résultat» en nombre de radiations.

Partager