EDF-GDF : Ouverture du capital... après le référendum et pagaille bien installée06/04/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/04/une1914.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

EDF-GDF : Ouverture du capital... après le référendum et pagaille bien installée

L'ouverture du capital de Gaz de France, acceptée par le Parlement, aura probablement lieu un peu plus tard que prévu. «Compte tenu de l'état de l'opinion publique, je comprends l'hésitation du gouvernement», déclare un député UMP qui s'occupe des questions de l'énergie. Disons les choses en clair: une large partie de la population, certainement majoritaire, n'admet pas la privatisation de GDF ainsi que celle d'EDF qui devrait suivre. Que cela tombe juste au moment du référendum n'arrange pas les choses pour le gouvernement, de même que la hausse du prix du gaz qui pourrait avoir lieu le 1er juin. Alors, il est urgent d'attendre. Mais si les mauvais coups seront vraisemblablement retardés, ils sont toujours bien programmés.

Si l'ouverture du capital est encore à venir, les effets de l'ouverture du marché, autrement dit de la libéralisation, selon le vocabulaire à la mode, sont déjà désastreux. Cette ouverture, complètement artificielle, entraîne une pagaille invraisemblable dont pâtissent une partie des usagers ainsi que du personnel.

Monopole public depuis un demi-siècle, et fonctionnant relativement bien, même si c'était souvent à l'avantage du grand patronat, EDF et GDF n'étaient pas conçus pour se trouver dans un régime concurrentiel générateur de dysfonctionnements et de pagaille. D'ailleurs l'électricité et même le gaz se prêtent très mal à un marché concurrentiel. À quoi il faut ajouter que des concurrents véritables, il n'en n'existait pas sur le marché français: il fallait les inventer, comme pour Electrabel (groupe Suez) à qui les autorités ont fait cadeau des centrales électriques de la Compagnie Nationale du Rhône, ou la SNET, issue des Charbonnages de France. Et même ainsi, les concurrents suscités artificiellement pèsent peu par rapport à EDF. Et la situation est analogue pour le gaz.

C'est pourquoi on voit GDF se mettre à vendre de l'électricité et EDF du gaz, afin qu'ils puissent se faire eux aussi concurrence.

L'ouverture du marché est déjà réalisée depuis quelques années pour les très gros utilisateurs, peu nombreux et de ce fait faciles à gérer. Pour les professionnels, qui sont près de trois millions, l'ouverture est faite depuis neuf mois, et c'est la désorganisation totale. Ainsi par exemple, pour respecter les principes de libre concurrence, sous l'égide de la commission de Régulation de l'énergie, les services techniques (branchements, raccordements, réparations, etc.) et commerciaux, qui avaient l'habitude de travailler ensemble, n'ont plus le droit de se communiquer leurs dossiers. D'où des situation invraisemblables et parfois sans solution. Les délais d'intervention pour les clients se rallongent, les services gratuits sont abandonnés, etc. Et actuellement EDF est incapable de facturer des clients de moyenne et grosse importance (plus de 36KVA) qui voudraient souscrire un nouveau contrat, en dehors du tarif ancien!

Cette pagaille pourrait faire rire si elle ne concernait que la direction. Malheureusement le personnel en est également victime. Et dans un peu plus de deux ans ce sera au tour des usagers «ordinaires» de plonger dans le bain de la concurrence... Ça promet!

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