Dans les Bouches du Rhône : La pression du Conseil général sur les RMIstes06/04/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/04/une1914.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Dans les Bouches du Rhône : La pression du Conseil général sur les RMIstes

Le président du Conseil général des Bouches-du- Rhône, Jean-Noël Guérini, a décidé de mettre de l'ordre dans les rangs des RMIstes du département, en éliminant pour commencer ce qu'il a appelé «les profiteurs du RMI». À ses yeux, un tiers des 69034 RMIstes du département sont suspects.

Depuis la loi du 18 décembre 2003, l'État a transféré aux départements la charge du RMI en promettant de leur transférer aussi les ressources correspondantes. S'il accuse l'État de lui devoir encore 19 millions d'euros, J.N. Guérini accepte cependant ce transfert de charge et est même d'accord pour s'employer à «faire sortir» le maximum de RMIstes du chômage.

Mais des emplois dans la région, il n'y en a pas plus pour les RMIstes que pour les autres chômeurs... sinon cela se saurait. Alors, «sortir du chômage», cela ne signifie pas «trouver un travail». Faute de trouver un emploi à ceux qui touchent le RMI, il s'agit surtout d'en diminuer le nombre de bénéficiaires.

Les services du Conseil général chargés de l'«insertion» vont donc convoquer tous les RMIstes qui n'ont pas passé de contrat d'insertion, ils seraient 30000 dans le département. Pour cela, le Conseil général recruterait des contrôleurs, employés pour certains en CDD: des précaires pour s'en prendre à d'autres, encore plus précaires!

Le Conseil général a passé un accord avec l'ANPE qui met 29 agents à sa disposition. Les RMIstes qui ne l'ont pas fait devront désormais s'inscrire à l'ANPE. Là, des agents spécialement affectés suivront leurs démarches de recherche d'emploi. Il en est de même avec la Caisse d'Allocations familiales, la CAF qui, «prestataire de service» vis-à-vis du Conseil général, a promis d'effectuer 10000 contrôles auprès de ses allocataires.

Les «objectifs» des agents de l'ANPE seront contrôlés régulièrement par le Conseil général, qui se réserve le droit de dénoncer tel ou tel agent qui ne serait pas assez «efficace» pour éliminer les RMIstes. À titre préventif, le Conseil général a déjà refusé de reprendre des agents connus comme syndicalistes, qui étaient jusqu'ici détachés au Conseil général et plus engagés dans des tentatives d'insertion que dans la traque des RMIstes.

Avec ce traitement, un RMIste radié de l'ANPE perdra automatiquement son allocation RMI, et le tour sera joué. Le président du Conseil général compte aussi faire des économies sur un autre tableau: les RMIstes perdront du même coup la gratuité des transports en commun et d'autres aides versées par le Conseil général.

D'ailleurs les syndicats des travailleurs sociaux dénoncent le travail qu'on veut leur imposer. La CGT et la SDU-FSU ont écrit à propos de la «chasse aux profiteurs»: «C'est d'autant plus choquant que, depuis plusieurs mois, on assiste, dans les services d'insertion du Conseil général, à des restrictions de budget. Ces coupes claires se font au détriment, notamment des actions d'insertion sociale destinées aux allocataires en grande difficulté... Comment le président du Conseil général peut-il annoncer publiquement que l'insertion est la priorité des priorités et laisser de côté ceux qui ont le plus besoin d'être aidés?»

L'objectif du Conseil général est, en fait, de faire radier par l'ANPE le maximum de RMIstes. L'argent public ainsi économisé sur le dos des plus démunis pourra grossir les aides que le même Conseil général des Bouches-du-Rhône accorde sans rechigner, et cette fois sans aucun contrôle, aux patrons du département!

J.N. Guérini, ce pourfendeur de RMIstes, n'est ni un membre de la clique de Raffarin ni un partisan affirmé de la droite, c'est un membre éminent du Parti Socialiste. C'est même peut être lui qui bientôt nous expliquera que pour réduire le chômage et les inégalités, il suffira de bien voter... pour son parti, le Parti Socialiste!

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