Allemagne : Le marché aux esclaves à l’heure d’internet06/04/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/04/une1914.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Allemagne : Le marché aux esclaves à l’heure d’internet

En Allemagne existe depuis six mois un site internet baptisé «job dumping». Le nom en lui-même annonce la couleur: les propositions de travail faites par les employeurs sont mises aux enchères, à un certain tarif; les chômeurs qui souhaitent obtenir cet emploi font à tour de rôle des offres de salaire de plus en plus basses. Les enchères s'arrêtent quand plus personne ne descend et celui qui décroche le travail est celui qui a fait la proposition la plus basse.

On peut voir ainsi des emplois de service rétribués à moins de 5 euros de l'heure, alors que les experts estiment qu'on ne peut pas vivre de son travail en Allemagne pour moins de 7,50 euros. «Les salaires allemands sont trop élevés, c'est par la baisse des salaires et des charges sociales que l'on parviendra à augmenter le nombre d'emplois», affirme l'inventeur de ce site, qui se vante d'avoir par ce moyen redonné du travail à 1300 personnes.

Comme on le voit, d'une rive à l'autre du Rhin, les discours tenus par les patrons et leurs serviteurs sont les mêmes, tout comme les méthodes! Les capitalistes n'ont pas attendu cet ancien travailleur social reconverti en tenancier de bureau de placement pour mettre les travailleurs en concurrence afin de faire baisser les salaires. Et ce qu'il présente comme une innovation (mis à part le cachet moderniste donné par l'utilisation d'internet) n'est rien de plus que ce que le patronat pratique depuis les débuts du capitalisme, et à une tout autre échelle.

Le gouvernement de Schröder, qui dans son plan Hartz IV vient de créer des «jobs à un euro», a été plus loin que lui. Et en France même, il ne se passe pas de semaine sans que Chirac-Raffarin ne montrent leur complaisance envers le patronat qui pratique ce «dumping salarial» depuis des décennies, relayant ses propos lorsqu'il affirme que les travailleurs sont trop payés, et faisant voter des lois qui attaquent les travailleurs dans leurs droits et leurs salaires.

Mais la baisse des salaires n'entraîne même pas une baisse du chômage, loin de là. On le voit bien en France où le nombre de travailleurs pauvres, ceux qui ont un salaire tellement bas qu'ils ne peuvent plus faire face aux dépenses courantes de la vie, ne cesse d'augmenter sans même que le chômage baisse pour autant.

Pour augmenter leurs profits, les capitalistes veulent faire baisser les salaires et exercent sans relâche leur pression contre les travailleurs et les chômeurs, avec l'aide des appareils d'État et des gouvernants à leur service. La crapulerie de ce site internet est, en petit, ce qu'ils pratiquent en grand.

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