La "journée de solidarité" boycottée dans deux départements : Un exemple à répéter31/03/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/04/une1913.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

La "journée de solidarité" boycottée dans deux départements : Un exemple à répéter

Dans les départements du Gard et du Territoire-de-Belfort, ainsi que dans certaines communes de France, le lundi de Pâques avait été décrété non férié, afin de préserver les festivités habituelles du lundi de Pentecôte. Le moins que l'on puisse dire, c'est que le résultat n'a certainement pas été à la hauteur des attentes gouvernementales: "Un lundi boudé", "Un jour férié comme un autre", "Un raté", etc. Tels sont les commentaires des médias qui rendent compte du fiasco complet de cette journée travaillée, dite abusivement de "solidarité envers les personnes âgées".

Les administrations étaient ouvertes ou fermées selon les cas: la préfecture et les sous-préfectures du Gard étaient ouvertes, mais pas la mairie de Nîmes ni celle d'Alès; les crèches et d'autres services municipaux n'ont, par conséquent, pas fonctionné. Mais, surtout, l'image des établissements scolaires quasiment vides montre la réaction de mécontentement suscitée par l'obligation faite aux salariés d'effectuer une journée de travail supplémentaire sans rémunération.

La fédération FCPE des parents d'élèves avait appelé à ne pas envoyer les enfants en classe ce jour-là: "Les enfants ne sont pas des salariés. Leur présence en cours ce jour-là ne va certainement pas créer de valeur ajoutée au profit des personnes âgées", avait déclaré son président local, rejoignant des syndicats enseignants qui appelaient à la grève contre cette journée de travail gratuit. Leurs mots d'ordre furent d'autant plus suivis que les parents étaient en congé ou avaient pris un jour de RTT pour ne pas avoir à travailler le lundi de Pâques: un élève sur vingt, en moyenne, s'est présenté à son établissement et, dans le Gard, les bus scolaires étaient quasiment vides: les 500 autocars mis en service ce jour-là n'ont transporté que 2000 élèves, au lieu des 28000 habituels. De l'argent dépensé en pure perte... et qui aurait pu être plus utilement employé pour aider les personnes âgées, comme l'a fait remarquer le responsable départemental des transports scolaires!

Quant au secteur privé, là où les employeurs avaient décidé de faire fonctionner leur entreprise, le résultat n'a pas été plus concluant. Les commerces, par exemple, n'ont guère fonctionné.

Imposer aux salariés de travailler une journée de plus pour financer un fonds destiné à venir en aide aux personnes âgées est une escroquerie. Dans le secteur privé, il est d'ailleurs prévu que seule une petite partie du profit réalisé aille à ce fonds, le reste étant tout bénéfice pour l'employeur; dans le service public, l'escroquerie se double en plus d'une inutilité totale, puisque aucune richesse n'est produite.

Les habitants du Gard, du Territoire-de-Belfort et des villes qui devaient en principe travailler le lundi de Pâques ont clairement montré, et comme il le fallait, ce qu'ils pensent de cette mesure imposée par le gouvernement. La voie est donc montrée, pour le lundi de Pentecôte, dans tout le reste du pays. Il reste aux syndicats et aux fédérations de parents d'élèves à appeler à la protestation et à la grève pour que l'on ne vole pas une journée de leur travail aux salariés. Même si le lundi de Pentecôte n'est plus un jour férié pour le gouvernement, l'ensemble des salariés peut décider qu'il le restera.

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