Espagne : Les commandos racistes continuentà frapperà El Ejido31/03/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/04/une1913.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Espagne : Les commandos racistes continuentà frapperà El Ejido

Nous recevons les informations suivantes, transmises par le Syndicat des ouvriers agricoles (Syndicato de Obreros del Campo) qui milite en Espagne, en particulier en Andalousie. Ces travailleurs, immigrés, pour la plupart marocains, le plus souvent sans papiers, subissent une surexploitation révoltante qui doit être dénoncée, et sont victimes par-dessus le marché d'exactions racistes, à la fois de la part des autorités et d'une fraction de la population. Nous sommes solidaires de l'action de ces militants qui se battent dans des conditions extrêmement difficiles dans cette partie de l'Europe que l'on ose nous présenter comme un paradis démocratique et social en construction.

Samedi 13 février, un ouvrier marocain de 40 ans, Azzouz Hosni, syndiqué au SOC (Syndicato de Obreros del Campo), a été assassiné par un groupe de personnes près d'un bar à El Ejido, cette ville de la province d'Almeria en Andalousie tristement célèbre pour avoir été le théâtre d'un pogrom raciste antimarocain en février 2000. Azzouz travaillait dans les cultures sous serre et dans la construction, il résidait à El Ejido depuis cinq ans et n'avait aucun antécédent de violence ou de délinquance, vivant dans une situation économique absolument précaire.

Ce meurtre n'est que le point culminant d'une suite d'agressions régulières perpétrées par des commandos de nervis toujours impunis, contre les immigrés (particulièrement les Marocains) et d'une suite de harcèlements permanents de la part de la police locale qui les maltraite, les fouille et les menace sous prétexte de contrôles, souvent les emprisonne et les expulse. L'administration et la justice ne manifestent aucune volonté de réagir pour freiner cette violence raciste. C'est pourquoi la majorité de ces agressions n'est pas dénoncée par les victimes et témoins, de peur de représailles de la part des mafias et de mauvais traitements par la police.

L'agriculture intensive en Andalousie n'est pas un système de production local: autour d'Almeria, la plus forte concentration mondiale de serres de plastique couvre 32000 hectares de cultures industrielles, et 80000 immigrés y travaillent dont environ 40000 sans-papiers. On y produit trois millions de tonnes de légumes par an dont la majorité est exportée dans toute l'Europe. Pendant la haute saison, en hiver, un millier de camions partent chaque jour vers les marchés du Nord pour le compte des grandes multinationales de la distribution. Elles imposent aux producteurs des prix de plus en plus bas, ce qui est l'une des raisons de la surexploitation de la main-d'oeuvre dans cette Californie européenne.

(...) Les travailleurs migrants dans le secteur de l'agriculture intensive des fruits et légumes, venus du Sud, de l'Est et d'ailleurs, chassés par la misère et le chômage, constituent cette main- d'oeuvre déracinée et flexible à merci qu'exploite l'agriculture productiviste pour assurer sa rentabilité maximale non seulement en Espagne, mais aussi en France, en Italie, aux Pays-Bas, etc. Etrangers pour la très grande majorité (car les nationaux n'acceptent pas de telles conditions de travail), ils sont désignés comme la cause de l'augmentation du chômage et de l'insécurité, criminalisés par une politique européenne de l'immigration très discriminatoire et souvent livrés de ce fait à des violences xénophobes et racistes. Leur surexploitation, en violation constante des lois, préfigure ce qui pourrait résulter de la généralisation du processus de démantèlement du droit du travail et des acquis sociaux, à savoir la précarisation et la paupérisation de l'ensemble des salariés. (...)

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