Carrefour - Échirolles (banlieue de Grenoble) : Du jamais vu ici!31/03/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/04/une1913.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Carrefour - Échirolles (banlieue de Grenoble) : Du jamais vu ici!

Le vendredi 25 mars, la grève a touché deux des trois magasins de l'agglomération grenobloise, et tout particulièrement celui de la banlieue très populaire d'Échirolles.

Près de la moitié des 600 salariés du grand magasin ont fait grève, ce qui ne s'était jamais vu depuis l'ouverture en 1969. Salaires minables, conditions de travail déplorables, pressions insupportables des chefs, toutes les conditions étaient réunies pour que le ras-le-bol explose. Toute la journée, les grévistes se sont rassemblés massivement devant le magasin, pour distribuer des tracts aux clients, ont manifesté dans la galerie marchande jouxtant le magasin, en chantant ou en criant des slogans: "On veut une augmentation", "Augmentez les salaires, pas les actionnaires", "Y'a plus rien dans le magasin", "Clients solidaires". Ils se sont assis à l'entrée du magasin et ont incité les clients, par d'imposantes haies d'honneur, à rebrousser chemin -ce que de nombre d'entre eux ont fait d'ailleurs. La grève a été reconduite le samedi, avec toujours le même succès. La direction a mis au boulot les cadres aux caisses, et fait venir des employés d'autres magasins pour remplacer les caissières grévistes à plus de 80%.

Les revendications des grévistes, nationales et locales à la fois, portent d'abord sur les salaires; avec l'exigence d'une revalorisation réelle du pouvoir d'achat, chiffrée localement à 150 euros d'augmentation mensuelle, minimum aujourd'hui pour parvenir à joindre à peu près les deux bouts. Devant le magasin, les employés ont témoigné de leurs salaires très maigres, la plupart du temps inférieurs à 1000 euros. Il n'est pas question pour eux d'accepter la mini-augmentation proposée par la direction, alors que les dividendes des actionnaires ont progressé de 27% en 2004! Des grévistes ont raconté les efforts faits depuis des années par le personnel pour toujours mieux satisfaire la clientèle... efforts jamais récompensés alors que, en haut, ils se servaient toujours plus en leur faisant les poches! Une affichette scotchée à l'entrée signalait que l'ex-directeur général était parti récemment en retraite avec une prime équivalant à 250 années de salaire de caissière...

Les travailleurs dénoncent aussi les primes d'ancienneté gelées depuis des années et la suppression de la prime d'intéressement. Localement, ils revendiquent un treizième mois sans restriction car il suffit d'être malade quelque temps pour le voir amputé. Ils exigent l'attribution de tickets repas à 7,62 euros et non pas 1,68 euro comme actuellement. Et bien sûr ils exigent la fin des temps partiels imposés ainsi que des embauches, en particulier pour leurs collègues en contrats de qualification, qui sont particulièrement surexploités. En effet, ils travaillent 35 heures payées 450 euros, font les fermetures, ont des horaires coupés ne leur permettant pas de rentrer chez eux... et se voient la plupart du temps renvoyés après les neuf mois de leur contrat. Enfin, les travailleurs en grève dénoncent les conditions de travail qui se dégradent, la direction qui fait des économies de bouts de chandelle sur tout, comme par exemple les tee-shirts ou les pantalons qu'elle ne renouvelle pas, les produits d'entretien qu'elle pleure, les couteaux qui ne coupent pas, les balances qui tombent en panne: autant de problèmes qui rendent la journée de travail de plus en plus pénible. Sans compter les chefs qui "fliquent" en permanence, se planquant derrière les rayons pour surveiller le personnel, ou les caméras qui filment le couloir de la pointeuse ou les travailleurs dans les réserves.

À la fin de la journée de samedi, le directeur acceptait d'avancer au 7 avril les négociations prévues le 14, et les syndicats FO et CGT appelaient à la reprise du travail, malgré la déception de certains employés mécontents de n'avoir pas obtenu plus qu'une date de réunion.

La grève a permis à de nombreux travailleurs de se connaître et de se souder, a donné confiance à ceux qui ne croyaient pas une action résolue possible. La direction devra compter avec cette solidarité nouvelle!

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