Transports VFD (Isère) : Quand la gauche démantèle les transports publics17/02/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/02/une1907.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Transports VFD (Isère) : Quand la gauche démantèle les transports publics

Jeudi 10 février, 400 salariés des cars VFD (sur un total d'environ 650), se sont rassemblés devant le Conseil général de l'Isère à Grenoble. Ce jour-là, les élus de gauche, majoritaires dans le département de l'Isère, ont voté la transformation de cette régie publique de transport en Société d'économie mixte (SEM), c'est-à-dire en société anonyme pouvant mélanger fonds publics et capitaux privés. Fortement opposés à cette opération, que tous ressentent comme une première étape avant l'éclatement de l'entreprise et vers la privatisation, les salariés se sont mis en grève reconductible depuis le mardi 8 février.

VFD (Voie Ferrée du Dauphiné) est depuis plus d'un siècle un établissement public qui dépend entièrement du Conseil général de l'Isère. Cette régie assure le transport des voyageurs sur la majorité des lignes régulières du département de l'Isère mais aussi d'une partie du Rhône avec un dépôt à Vénissieux. Elle assure en outre le transport scolaire quotidien, la desserte des stations de sports d'hiver mais aussi certains voyages et déplacements occasionnels.

Depuis des mois, la majorité socialiste du Conseil général de l'Isère veut transformer ce statut. Le prétexte invoqué est de pouvoir délocaliser, à terme, la gestion du transport public au niveau de chaque collectivité locale. Ce changement de statut de VFD ouvre donc la porte à l'éclatement en sociétés d'économie mixte locales.

Chaque localité pouvant alors lancer un appel d'offres, il semble évident à tous que des sociétés privées de transport récupéreront progressivement la majorité des lignes mais aussi les dépôts, les infrastructures et la gestion du personnel. Ces entreprises privées, parfois des PME proches d'élus locaux, souvent de grands groupes en situation de monopole, disposeront de fonds publics pour réaliser leurs profits.

Pour les salariés, cela signifierait un démantèlement de VFD par dépôt et par ligne, une instabilité constante de leurs conditions de travail, de leurs effectifs, de leurs statuts.

Quant aux usagers, cela impliquera pour eux une dégradation de leurs conditions de transport, en particulier pour les habitants de communes isolées, des augmentations des tarifs et des impôts locaux.

Les salariés ne croient pas un mot des paroles rassurantes de leur direction ou des élus socialistes qui prétendent que rien ne changera pour eux. C'est pourquoi la grève a été massivement suivie, surtout parmi les conducteurs: il y avait plus de 90% de grévistes dans tous les dépôts dès le 8 février. À Vénissieux, seul dépôt dans le Rhône, département où les lignes de transports sont déjà quasiment toutes concédées, les chauffeurs craignent d'être les premiers à faire les frais de cette privatisation qui ne dit pas son nom.

Ils sont particulièrement en colère contre les élus de l'ex-Gauche plurielle qui prétendent défendre les services publics mais qui les démantèlent là où ils ont le pouvoir. Le jour de la manifestation, les groupes socialistes et Verts, majoritaires, ont voté en bloc pour la SEM, le groupe communiste, au départ solidaire de la majorité, ne prenant finalement pas part au vote et les élus de droite s'abstenant.

Face à ce mauvais coup, les grévistes, tous réunis après la manifestation, ont voté la poursuite de la grève jusqu'au 13 février. Certains, en particulier à Vénissieux, sont déterminés à amplifier leur mouvement et voudraient bien profiter de cette période de vacances scolaires avec l'afflux massif vers les stations de ski... Reste à entraîner tout le monde et à vaincre les réticences de certains responsables des organisations syndicales.

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